Année A : Vendredi de la quatrième semaine de PAQUES –A-
Jn 14, 1-6 Devenir CHEMIN ou la voie de la mystique du rien pour le Tout
Mahomet, Bouddha, Krishna, et d'autres ont enseigné un chemin allant vers Dieu, quelques vérités au sujet de Dieu. Ils ont donné des instructions sur comment vivre sa vie . Notre foi chrétienne affirme simplement que Jésus, " accrédité par Dieu " (AA2,22b) dit ce qu'il est. " Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n'est par moi " (Jn14,6) Jésus, " ressuscité par Dieu " (AA 2,24) " nous a montré ( qu'il est) chemin de la Vie ". (Ps15) Arrogance pour les uns. Révélation pour d'autres.
Toutes les religions qui partagent cette mystique de la Voie (Bouddha), du chemin savent qu'il est "étroit","exigeant". Pour atteindre le bout du chemin, tout mystique sait qu'il faut tendre à disparaître pour subsister en Dieu. Ce qui nous convie à prendre ce chemin, c'est l'extase de ce que nous voyons. L'extase consiste à être ce que nous voyons. A être tellement ce que nous voyons que nous n'existons plus. L'Extase conduit à la non-existence de nous-même. À devenir ce que nous fascine.
Pour ceux et celles qui ont une grande intimité avec Jésus, qui sont ses intimes, " qui le connaissent " (Jn) ce qui étonnent et fascinent à la fois, c'est de réaliser que Jésus, malgré toute la place qu'Il occupe dans les Évangiles, n'est pas le centre de la Bonne Nouvelle. Le contemplatif, le mystique chrétien sait que Jésus n'a rien fait de lui-même, n'a rien dit de lui-même. Jésus n'existe pas tant sa vie était de faire la Volonté de son Père. Tant il est demeuré fasciné par le Père. "Il s'est vraiment anéanti " tant sa priorité est l'existence du Père. De le faire voir. " Qui m'a vu, a vu le père ! " " C' est le Père qui vit en moi. " Jésus dans sa manière de non exister ou de n'exister que pour le Père, n'a été que Chemin . Jésus n'a été qu'un "transmetteur", qu'un "serveur" du Père. Cela exige effacement, abnégation de soi. Il fut tellement obnubilé par le Père qu'il s'est oublié entièrement. Jésus a été dans ce qu'il a vu. C'est en ce sens qu'il est et qu'il s'est présenté à nous nous comme le CHEMIN.
Notre mission est de devenir pour nos contemporains chemin vers le Père. De faire voir le Père. Notre mission est d'être tellement ébloui par la manière de vivre de Jésus que, comme lui, nous n'existons plus. Confesser en n'existant plus – quelle abnégation là dedans – que nous avons trouvé le chemin et que nous le montrons, le laissons voir. " Ce n'est plus moi qui vit mais le Christ en moi. " (Gal2,20) Confesser que par Lui, nous accédons à la Vérité ou mieux que la Vérité, c'est Lui. Confesser qu'en communion avec Lui, en devenant comme Jésus non existant pour nous-même, toute personne peut trouver la plénitude de la Vie à laquelle elle aspire. Mais aussi que toute personne en devient le chemin.
Contemplatives, contemplatifs, plus nous vivons d'un " seul cœur et d'une seule âme " avec Jésus, plus nous sommes comme lui, chemin vers le Père ! Quelle inestimable mission que celle-là ! En nous regardant vivre qui peut clamer que nous sommes tellement dans le Fils et que le Fils est tellement nous, que nous sommes chemin vers le Père. ? Que nous montrons le Père ? Qui nous a vu, a vu le Père. !
À votre contemplation, cette mission d'être chemin ne peut avoir toute sa force de persuasion que si nous le devenons ensemble. À l'heure où nous vivons comme croyants, comme Église une sorte de marginalisation, il nous faut ensemble montrer que nous sommes séduit par ce Jésus en quittant tout. Ainsi nous devenons chemin vers le Père. Encore faut-il ne rien avoir pour prendre ce chemin. N'être rien pour devenir, sans prétention, par grâce, ce " je suis le chemin" pour notre monde. Sans cette révélation-manifestation du Ressuscité, jamais humain n'aurait pu entrevoir cet appel à devenir à la fois chemin et eucharistie ( c'est la même chose ) pour le monde. AMEN
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