Année B : Lundi 12 semaine ordinaire (litbo12L.09)
Jn 14, 1-6 le courage de l’abandon
Vous connaissez le chemin. Disons-le clairement, ce chemin que Jésus nous montre avant son départ – c’est de cela dont il s’agit durant cette eucharistie… devant ce départ annoncé – n’est pas celui d’un lâcher prise. Ce mot slogan des « psys », mot marketing promotionnel de livres, raisonne plutôt en moi comme une démission, un laisser tomber, une fuite. Il promeut un désengagement comme chemin pour éprouver une nouvelle tranquillité intérieure.
Le chemin que Jésus nous montre et qu’il a pris le premier à la veille de sa mort n’est pas celui d’un lâcher prise. À la veille de monter à Jérusalem, il nous montre le courage de l’abandon, courage que la petite Thérèse appelle sa petite voie, ce chemin de la confiance et du total abandon. Vous connaissez le chemin. Si total que fut la nuit de Gethsémani pour Jésus, si épaisse que fut la nuit de souffrance pour Thérèse, l’un comme l’autre ne se savaient pas seuls sur ce chemin.
Le courage de l’abandon – le courage d’être (Paul Tillich) - ramasse toute la vie de Jésus, de Thérèse de Lisieux, de Charles de Foucauld. Il consiste à se fier à Dieu en agissant comme si tout dépendait de nous et à tout faire ce que nous pouvons en ne comptant que sur Dieu. Le courage de l’abandon ne nous garantit pas de vivre sans anxiété, sans inquiétude. Il nous évite d’envisager l’avenir avec fatalisme sans pour autant étouffer les inévitables préoccupations. Le courage de l’abandon – chemin qui Jésus a pris – c’est de laisser Dieu agir en Dieu. Simple! Le courage de l’abandon, c’est le courage d‘Abraham (1re lecture) : Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton Père, va vers le pays que je te montrerai, je ferai de toi une grande nation. Ces paroles donnent du sens, de la profondeur à notre aujourd’hui. Et Abraham vit dit la genèse le pays que je te donnerai à ta descendance. Et il bâtit un autel en action de grâce au Seigneur. Aujourd’hui s’accomplit cette 1re lecture.
Vous connaissez le chemin. Sans connaître ce chemin, les apôtres n’ont pas lâché prise. Ils n’ont pas démissionné non plus. Ils ont opté pour le tenir bon, le consentir à leur destinée et celui non moins important de rester branché sur la Parole de Jésus qui leur a répété sans cesse : ne soyez pas inquiets, ayez confiance en moi. Je suis le chemin. Jésus a pris ce chemin- le chemin de la mort, c’est un peu ce que ce départ engendre en nous- pour nous montrer le chemin de notre vérité actuelle, de notre vie actuelle autant ecclésiale que communautaire.
Tenir bon, consentir à notre destinée, rester branché sur la Parole, faire face, faire front, c’est un combat spirituel de tous les instants. Thomas Merton à un novice qui lui avouait qu’il manquait courage, lui dit : le courage, c’est un va et viens jusqu’à la prochaine étape. Songeons au psaume qui nous dit : espère le Seigneur, sois fort et prend courage, espère le Seigneur (Ps27). En voyant vivre le Curé d’Ars dont nous célébrons le cent cinquantième de sa mort, un incroyant disait : le Curé d’Ars n’a pas les yeux faits comme les autres. Un autre ajoutait : on était frappé par son regard qui vous transperçait et semblait voir les choses de l'autre monde. Un tel regard origine que dans la contemplation.
C’est le sens profond de cette célébration. C’est parce que nous n’avons pas les yeux faits comme les autres que nous rendons grâce à Dieu, que nous contemplons avec ravissement ces six années vécues avec sainteté Gilberte. Magnificat ! Ce mystère, cette grâce de ne pas avoir les yeux faits comme les autres, il est caché aux sages et aux grands de ce monde. Jésus ne nous demande pas de ne pas voir l’avenir. Il nous demande de projeter sur demain son regard divin. Ses yeux divins ne sont pas faits comme les nôtres.
L’audace de l’abandon, c’est finalement plus que de tenir bon, plus que de rendre grâce, c’est aussi consentir à ce qui nous arrive. Aucunement question de résignation devant ce chemin mais un appel à le prendre le plus sereinement possible.
À votre contemplation : Entrons dans la Parole entendue ne soyez pas inquiets que le grand mystique jésuite du XV11e Jean Joseph Surin a scandé à la fin de chaque strophe d’un poème sur l’abandon : ce m’est tout un que je vive ou que je meure, il me suffit que l’Amour me demeure. Cet Amour (qui) me demeure est plus fort que la mort. Il est la voie royale qui nous reste quand nos cœurs ne semblent plus percer l’épaisseur de l’avenir. Chaque eucharistie nous fait voir, entrer dans ce courage de l’Abandon de Jésus à ne rechercher que la Volonté de son Père. AMEN
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