Année A: Lundi 5e semaine de Pâques (litap05l.11)[
Jn14 21-26 Vous nous laissez la Paix.... en héritage. Départ des religieuses
Qu'est-ce qui vous arrive ? Ce qui arrive, c'est un départ, le vôtre, qui n'en est pas un. Hier, la paroisse a souligné votre départ physique qui confirme que tout est accompli. Que les temps sont accomplis. Mais, et les derniers jours de ce grand dimanche nous fait miroiter cela, il y a des départs qui n'en sont pas. Le vôtre est de ceux-là. Désormais vous nous serez loin des yeux mais non de nos cœurs (1 Th 2,17). Nous soulignons votre Ascension. Comme le berger, vous nous emporter sur vos épaules. Mission accomplie. Il est bon que je m’en aille.
Vous nous avez ouvert, montré tout au long de ces cent quinze années, par votre manière pascale de vivre, un chemin, une porte, celle d'humaniser ce qui est humain, de devenir plus humain, et de diviniser l'humain en nous (cf. Bulle Incarnationis mysterium, n. 2). Vous avez écrit pour nous un autre chapitre du récit des Actes des apôtres racontant l'histoire de la naissance de la foi dans les cœurs. Comment cela fut-il fait ?
Les textes entendus nous en décrivent le chemin : en restant proche, fidèle à ma parole et demeurant en lui (Jn 14, 22). Fixant comme Paul (1ière lecture), les yeux sur nous et voyant notre foi, vous nous dites que l'heure vient de nous lever, de nous tenir droit sur nos pieds (Ac 15, 9). À nous maintenant de bondir (traduction Bible de Jérusalem). J'entends déjà vos réactions : nous ne sommes que des hommes [des femmes]. Nous vous avons annoncé la Bonne nouvelle. Vous avez témoigné d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire (épitre à Diognète). Vous avez été des «joyeuses Pâques ». Merci !
Ce grand dimanche nous a fait mieux saisir que la Résurrection commence toujours par un parfum d'amertume, un goût amer d'absence, de tristesse mais comme pour les disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35) les retrouvailles avec le ressuscité, nous rendent bavards. Votre départ nous rend bavards pour faire mémoire aux générations à venir de tout ce que nous avons vu, touché et entendu, par vous, du Verbe de vie (1 Jn 1, 1). Merci !
Qu'est-ce qui nous arrive? Vous avez défriché, labouré, gravé, ensemencé nos cœurs de l'Évangile, cela ne pourra jamais s’effacer puisque vous nous promettez, et je paraphrase l'évangile, que votre Esprit, souffle ténu (1 R 19, 12), nous fera souvenir de tout ce que vous nous avez montré par votre vie, du Ressuscité (cf. Jn 14 26).
Impossible de vous oublier tant vous nous avez transmis l’intransmissible expérience que vous viviez de Jésus non pas avec des discours persuasifs (1 Co 2, 3) mais en cherchant vous-mêmes ce chemin, en le prenant avec nous. Vous nous serez toujours présentes, ne serait-ce qu’en passant devant cette résidence. Après plusieurs années de la fermeture de l’école d’agriculture, nombreux sont ceux et celles qui perçoivent la résidence LE SOLEIL comme leur ancienne école. L’histoire ne s’efface pas, ne s'oublie pas.
Vous vivez comme nous un moment difficile, pénible. Des arrachements, des détachements. Mais ne serait-il pas aussi un moment de grâce ? Une occasion pour faire, dans la foi, Église autrement. Cette Église-là ne repose plus sur sa puissance en nombre, sa renommée mais en restant fidèle à sa Parole. En demeurant en Lui. Sans faire un jeu de mots, et comme l'exprimera tantôt l'antienne de communion et l'évangile de demain, vous nous laissez la paix, cette paix que le Christ nous a donné au moment où il passait de ce monde à son Père.
Saintetés, votre départ nous ouvre sur une mission : vous ressembler en mettant tout en commun et ne vivant que d'un seul cœur et d'une seule âme (cf. Ac 4, 2). Comment saurions-nous ce que vous avez été pour nous, tout ce que vous avez fait pour nous ici, comment saurions-nous assez vous dire que nous vous aimons, si nous ne commençons pas par vous ressembler dans votre manière de vivre qui a fait dire à l'auteur des Actes: qu'ils sont chrétiens (cf. Ac 11, 26). Comment pouvons-nous saisir votre bonté, votre générosité, votre empressement à servir, votre accueil si chaleureux, vos voix si mélodieuses, vos vies données, si nous ne percevons pas votre départ comme un appel à être vos mains, vos cœurs, vos voix et pourquoi pas des Marie-Rose ?
Parce que vous êtes venu pour que nous ayons la vie et que nous l'ayons en abondance (Jn 10, 10), pour vous et avec vous, devenons MAGNIFICAT. Oui, le Seigneur fait des merveilles, saint est son nom. AMEN.
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