Année C : Vendredi 5ième semaine du Carême (litcc05v.07)
Jn 10, 31-42 La plus belle œuvre de Jésus
« Si la loi appelle des dieux ceux à qui la parole de Dieu s'adresse, pourquoi dites-vous : Tu blasphèmes, parce que j'ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? ». Nous sommes en présence – et l’annonciation nous a confirmé cela - de la plus belle œuvre de Dieu chez nous. Dans la fête de l’annonciation, Dieu a offert à notre regard son Fils, « né d’une femme (Gal4, 4) ». Il offre maintenant à notre regard cette «bonne œuvre », la plus grande qui soit : «Jésus, Verbe fait chair…. achève l’œuvre du salut que le Père l’a chargé d’accomplir » comme l’exprime la constitution Dei Verbum (3-4).« En voyant le tyran blessé à mort, ce peuple revient des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie (Germain de Constantinople) ».
Dans cette « belle œuvre » de l’Incarnation, Dieu s’est fait humain. Dans cette « belle œuvre » inimaginable de sa Passion, Il devient « en quelque sorte moi-même pour que je sois lui (Divo Barsotti) ». L’incarnation nous déifie. Sa passion nous sauve. « Il s’est livré pour moi ». L’incarnation a nécessité le consentement de Marie. Notre pâque exigera le nôtre. Cette heure de l’anéantissement, de la dévastation de Dieu qui en se vidant de lui-même, a atteint les frontières du néant, nous élève jusqu’à l’infini.
Adam où es-tu ? Jésus nous cherche pour nous sauver non pour nous condamner. Jésus - celui qui est dans le Père et le Père en lui- nous cherche pour nous sortir de la honte, pour tuer en nous la mort. « Dieu appelle » dit Saint Ambroise, « ceux qui, par honte, se cachent dans les bosquets du Paradis ». À ceux qui le cherchent pour le tuer, il offre le Paradis. Son heure de gloire est de nous offrir le Paradis perdu, de nous permettre de retrouver la perle précieuse perdue dans nos maisons.
Contemplatives, contemplatifs, nous entrons dans l‘heure de la Joie de la mémoire de la Passion, de la joie dans l’espoir de la vie à venir, de la joie de réaliser qu’Il "fait briller son soleil sur les bons et les méchants et pleuvoir sur les justes et les injustes", de la joie d’être avec ce « ce guerrier redoutable » (1ière lect), joie de cette heure « revanche d’amour ». Cette contemplation a fait les délices de Marie, de Madame Claire et maintenant de Lucie qui, avancée en âge, entend comme Abraham l’appel à partir vers le pays que je t’indiquerai, une terre étrangère, une langue étrangère, parce que fascinée par cet homme « fils de Dieu », « mon roc, ma forteresse, mon libérateur, le rocher qui m’abrite » (Ps)
Quelqu’un écrivait : « Les amis de Dieu sont terribles parce qu’ils ne craignent rien ». Ils ne craignent pas de s’appuyer sur rien d’autres que Jésus. Ils ne craignent pas d’entrer dans ce grand mouvement de la démesure. Démesure de la joie, de ne rien posséder, même sa volonté. Quitter barque et maison, frères et soeurs, sa terre natale, son Église, parce qu’il « est fade de penser à autre chose qu’à Lui-même » (nuage d’inconnaissance). La belle œuvre de Jésus était d’accomplir la volonté de son Père. La belle œuvre de Lucie : ne penser qu’à Dieu, parce qu’il « est fade de penser à autre chose ».
À votre contemplation : cette heure, comme ce départ, respire d’une grand paix profonde. Cette heure offre aussi à ceux et celles qui « ont saisi Jésus » de comprendre que « l’anéantissement du Fils de Dieu nous fait entrer dans l’immensité divine (Fénelon)». Paul disait aux Corinthiens : « Si nous avons mis notre espoir dans cette belle vie (celle du monde), nous sommes le plus à plaindre (1 Cor 15,17) ». Les jours les plus noirs, les plus vides de sens de notre histoire sont des jours commencements de Salut, des jours qui nous transforment en Eucharistie de gloire pour le monde. AMEN.
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