Année A: Lundi 4e semaine de Pâques (litap04l.11)
Jn 10 11-18 : admirable intimité ou insondable appel : le bon pasteur
Qu'est-ce qui t'arrive Jésus? Qu'est-ce qui t'arrive Nicodème? Qu'est-ce qui t'arrive Étienne? Et l'évangile de ce matin demande à chacun d'entre nous : Qu'est-ce qui t'arrive? Nous sommes tellement entrés dans l'intimité d'une alliance indélébile que Jean nous présente sous l'image du maître et de sa brebis, du maître et de son animal, que nous sommes devenus non seulement chrétiens, non seulement le Christ mais la Charité même du bon Pasteur.
À travers cette page, Jésus nous dit, rien de moins, qu'il éprouve envers nous cette même indéfectible intimité que celle qui existe entre le maître et sa brebis, le maître et sa bête. L'animal flaire l'odeur de son maître, écoute sa voix et le maître apprend très tôt à lire l'unicité du comportement et du caractère de sa bête. Leur union est d'une telle profondeur qu'aucune trahison n'est possible tant qu'une fidélité indéfectible les lie mutuellement. Ici, le divorce n'est que rarement envisagé.
Si nous extrayons tout le jus que nous offre cette image du bon pasteur, nous saisissons d'abord pour notre plus grande joie, que Jésus ne sait compter que jusqu'à un et ce un, c'est chacun d'entre nous. L'intimité entre lui et nous est tellement indéfinissable qu'il nous en décrit sa nature à travers une image qui nous dit comment gros, comment profondément, il est attaché à chacun d'entre nous. Tellement lié à chacun d'entre nous qu'il n'hésite pas à s'éloigner pour un temps des quatre vingt dix neuf autres (que, par grâce, nous sommes). Ce qui nous arrive: Jésus nous confie le pastoral de son Évangile. Il nous confie sa Charité. Il fait de nous des bons pasteurs et non des mercenaires.
Cette page, il ne faut pas l'entendre. Il faut la manger, la dévorer : Fils d'homme, nourris-toi et rassasie-toi de ce volume que je te donne (Ez 3, 3). Prends ce livre et mange (Ez 10, 9). Cette page, Parole de Dieu, il faut s'en nourrir, la ruminer pour qu'elle puisse nous rassasier jusqu'à être ravissement et l'allégresse du cœur (Ez 2, 10). Il faut l'avaler (Ap 10, 10)pour qu'elle goûte la douceur du miel (Ap 10, 9) et pour qu'elle ne dégage pas l'odeur des ossements desséchés (Ez 37,4).
Cette page, vraie nourriture et boisson (Jn 6, 54-55), vraie pain de vie, risque de nous foudroyer intérieurementtant est incommensurable la compassion du Pasteur. Malgré nos blessures plus ou moins profondes, nos égarements dans la recherche de faux pâturages, de faux bonheurs, Jésus au détriment de sa vie, au risque d'être trahi (et nous voyons cela tous les jours) nous embauche pour conduire, par nos comportements de Charité, notre peuple dehors, assoiffé et affamé de verts pâturages, de nourritures vertes, biologiques dirions-nous aujourd'hui, ceux-là même qu'il nous présente dans ce feu de braise, sur le rivage, au matin de Pâques. En débarquant, Jésus vit une foule nombreuse et il fut pris aux entrailles parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’avaient pas de berger et il se mit à les enseigner (Mc 6, 34).
Jésus est tellement épris jusqu'aux entrailles, remué jusqu'à nous donner sa vie ou, diront certains, sa mort, tellement soucieux de nous donner le meilleur de lui-même, son être même de Dieu, comme une mère nourrit ses enfants et prend soin d'eux (1 Th 2, 4),qu'il nous choisit pour être sa Charité dans le monde. Paul, pasteur à l'image du Pasteur, confirme cette manière d'agir de Dieu quand il écrit : telle était notre tendresse pour vous (1 Th 2, 8).
Saintetés, quand nous entendons cette page, si nous pensons à autre chose pendant qu'elle entre dans nos oreilles, quelle responsabilité [trahison] n'encourrons-nous pas (saint Jérôme) ? Question : éprouvons-nous pour Jésus le même désir, la même passion, la même recherche de connaissance, la même profondeur d'intimité qu'il a pour nous ?
Devant cette mission à la fois belle et terrible, entendons la voix d'un autre Pasteur, le bienheureux Jean-Paul II, nous adresser au jour inaugural de son pastoral: n'ayez pas peur d'accueillir le Christ, d'accepter sa puissance. Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ! Laissez-vous conduire par Lui! Faites-lui confiance. AMEN.
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