Année B : vendredi de la 3e semaine pascale (litbp03v.06)
AA. 9, 1-20 Jn 6, 52-59 « mangez ce pain ».
« Si nous savions, prenions conscience, que nous sommes créés pour goûter la nourriture des anges. Nous n’avons pas été créés pour autre chose. Pour que nous puissions goûter cette nourriture, ce pain des anges (Ps 77,25), Dieu nous a rachetés par le sang de son Fils (Catherine de Sienne).» Cette finale de Jean fonde sur du roc cette relation d’amitié que Jésus veut établir avec nous. Jésus a passé sa vie a renouer des liens grâce à la table : Zachée, Marthe et Marie, la pécheresse et son parfum, Emmaüs, matin de Pâques. La table est tellement ce lieu où Jésus laisse voir sa richesse que Pierre Damien a pu dire : « Nous qui avons été chassés du paradis à cause d’une nourriture, c’est par une autre nourriture que nous y entrons à nouveau.»
Jésus a une faim immense de nous. Elle est tellement insatiable que pour l’assouvir, il prend ce que nous sommes, se nourrit de ce que nous lui donnons, nos pauvretés, dit Ruysbroeck. Qui est capable de comprendre cela ? Toute la liturgie de cette saison pascale nous offre de goûter, de toucher, de voir dans ce sacrement pascal qu’est cette table eucharistique la Présence vivante du ressuscité, sa compassion pour nous.
Plus nous laissons cette nourriture nous transformer, plus nous la goûtons avec goût. Dans sa bonté, Jésus nous offre un signe de sa compassion pour nos faims « si vous mangez ce pain». Il nous offre aussi la grâce d’avoir faim de Lui.
Contemplatives, contemplatifs, chacun goûte ce pain avec une saveur différente. Il n’a pas le même goût pour les contemplatifs ou pour ceux qui oeuvrent dans la vie apostolique. Pour le malade ou un soigneur croyant. Pour Paul sur la route de Damas ou pour les disciples d’Emmaüs. Ce pain a pour tous ceux qui le reçoivent le goût le plus délicieux, goût qui s’adapte de manière différente aux palais des uns et des autres, selon nos appétits. Avec profondeur de sens, Jean écrivait : « Oui, tel est le pain qui descend du ciel. » Il a un goût qui s’adapte à nos estomacs fragiles.
Il nous est impossible de recevoir ce pain sans nous interroger sur « comment cet homme peut-il nous donner son corps à manger » ? Devant cette question, une autre surgit : «Qui est cet homme » qui s’offre en nourriture? Dans la première lecture, Paul a fait connaissance avec cet homme. Il s’est véritablement nourri de tout ce qu’il lui a montré et Lui a fait comprendre que dans les chrétiens qu’il allait tuer, c’était Lui qu’il blessait. En le faisant tomber de sa monture, Dieu a voulu creuser une brèche dans sa manière de vivre, une brèche qui ne s’est jamais refermée.
Comme pour Paul, nous ne sommes pas faits pour demeurer emprisonner dans le recommencement sans fin du mouvement de notre quotidien. Nous sommes faits pour avoir faim d’un ailleurs. « Celui qui mange ce pain vivra éternellement ». Par la communion à ce corps de Jésus, nous devenons son Corps. « Celui qui me mangera vivra par moi ». Oui entre ce que nous voyons, ce que nous mangeons, il y a un mystère de communion à Jésus, un mystère de foi.
À votre contemplation : Dès les 1e mots de son encyclique (#1), Benoît XV1 disait : « À l’origine du fait chrétien, il n’y a pas une grande idée, mais la rencontre avec un évènement, une personne qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation définitive. » L’événement de Damas a métamorphosé Paul en Apôtre. L’événement pascal que nous célébrons maintenant fait de nous son Corps qui fait de nous son Église. « La sagesse nous a préparé une table : venez et mangez le pain de vie, mangez et buvez à la table de Dieu » (accl.) Amen
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Qui vient à moi n’aura plus faim. Qui en mange ne mourra pas. Des paroles à goûter, à savourer, à recevoir sur le bord du Mystère. Ne séparons jamais ce que Dieu a uni : l’eucharistie et la vie.
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