Année B : Vendredi de la 2e semaine de Pâques (litbp02v.06)
Jn 6, 1-16 Du pain qui nous métamorphose en Fils de Pâques.
« Quant est-ce que le Seigneur s’est fait reconnaître » demande saint Augustin qui s’empresse de répondre ? « A la fraction du pain. » Il ajoute «Et toi désires-tu la Vie ?» « Apprends à Le manger ». Nous sommes au sommet de Pâques. C’est pour nous éviter que cette page ne soit qu’un simple souvenir d’une multiplication de pains à la foule qui le suivait, que nous actualisons le «ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Dieu, en Jésus n’est pas venu pour se faire comprendre. Il est venu pour se faire toucher, pour se faire manger.
Chaque eucharistie nous plonge dans l’éternel présent de Pâques. Ce n’est pas seulement pour un temps et pour une poigné d’humain que Dieu s’est fait chair. C’est pour tous les temps et pour tous les humains que Jésus nous donna son corps à manger, fut livré et ressuscita d’entre les morts.
L’eucharistie est le lieu privilégié, le sacrement de sa visibilité pascale. Elle estla seule nourriture que tolèrent nos estomacs difficiles de croyants sculptés par la grâce. Dieu n’est pas seulement notre raison d’être. Il se fait notre moyen d’existence. Vouloir la vie de Dieu sans reconnaître le Ressuscité dans ce pain, c’est comme mettre de l’eau dans le réservoir de sa voiture en espérant que cela nous fera avancer.
Ce Pain nous fait vivre: « vos Pères ont mangé la manne dans le désert et ils sont morts, mais celui qui mangera de ce pain vivra éternellement (Jn 6,49; 51)». Ce pain nous unit corps à corps, esprit à esprit au Christ ressuscité. C’est en se faisant corps que le Christ est venu à nous. Il faut nous unir à la chair que le Verbe a prise, afin de nous unir par cette chair, à la divinité, à la résurrection de son Fils. Par ce Pain, Jésus tient sa promesse de « demeurer parmi nous jusqu’à la fin du monde (Mtt 18, 20) »
Jésus multiplie pour nous son Pain afin que nous le refassions avec Lui pour le monde. Il ne s’agit plus seulement de partager du pain mais de signifier sa Présence par nos vies livrées. Par ce geste du pain, Jésus s’est fait voir aux disciples d’Emmaüs. Par ce geste que nous refaisons avec Lui en ces jours pascals, Jésus nous « apparaît » pour que nous allions annoncer à notre monde : « Nous l’avons vu de nos yeux, nous l’avons touché de nos mains, nous vous l’annonçons, il est ressuscité ». Il n'est pas très facile de comprendre cela.
Contemplatives, contemplatifs, ce Pain atteste l’immortalité de Sa présence pascale que nous devons saluer si nous voulons vivre en ressuscité. Pour accomplir de signes et des prodiges, pour transformer nos cœurs de pierre et en faire des cœurs de chair, Jésus nous invite à Le reconnaître à sa table, à recevoir Sa Parole et communier à Son Corps livré ! Si nous voulons que ce monde change, si nous voulons que cette paix pascale annoncée par Jésus à ses disciples devienne le bien commun de tous les humains, nous avons besoin de recevoir la force de Jésus en mangeant ce pain qui triomphe de toute mort !
A votre contemplation : c’est lorsque notre vie chrétienne devient authentiquement eucharistique que nous manifestons le mieux le Ressuscité. Si ce Pain ne nous transforme pas, ne nous métamorphose pas en Fils de Pâques, nos églises demeureront vides, l’appel à choisir de Le servir ne sera pas entendu. Pour être témoin de la Résurrection de Jésus, il ne suffit pas – et Thomas nous rappelle cela - de l’avoir vu de ses yeux. Il faut que notre rencontre avec Jésus brise en nous les barrières de la peur qui rendent stériles et qu’elle nous pousse à clamer ce peu de foi qui pourra nourrir une grande foule affamée. « Heureux sont les invités au repas du Seigneur ». Amen
Accueil : « Réjouissez-vous. Nous ne sommes pas seulement chrétiens. Nous sommes celui que nous mangeons. Nous sommes devenus Christ. » (St Augustin) Malgré notre étonnement, soyons heureux de la grâce que Dieu nous faits. Jésus nous « offre son corps et son sang pour exciter en nous le désir de sa vie de ressuscitée » (Diacre Saint Éphrem).
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