Année B: Vendredi de la 32e semaine ordinaire (litbo32v.00)
Mtt 25,31-40 j’avais faim, Elisabeth de Hongrie
Voici l’Époux, sortez à sa rencontre. Ces mots de Matthieu précédant l’Évangile que je viens de lire m’apparaissent bien traduire la vie d’Elisabeth de Hongrie. Parce qu’elle a reconnu l’Époux, ce roi de gloire dans ce peuple des béatitudes, toute sa courte vie d’épouse et de reine fut une sortie dehors à sa rencontre. Elle n’a pas hésité à délaisser les honneurs de sa royauté, à aller au large, à vivre en marge de son titre de reine, pour devenir Incarnation de Dieu. Pour elle, sous le prochain le plus inférieur, se cachait son Dieu. Elle s’est faite -dans les mots du mystique allemand Angelus Silesius- aussi petit que Lui pour devenir aussi grand que Lui.
Ce que nous dit Matthieu: Le Dieu de Jésus-Christ est un Dieu totalement dépouillé, affamé, malade, emprisonné qui a passé sa vie à dire à ce peuple des moins que rien, monte plus haut: mon ami monte plus haut (Lc14, 10) Le Dieu de Jésus Christ se laisse voir non à travers l’opacité des richesses (extérieures) dont Elisabeth était, comme François, comblée, mais notre Dieu s’est aligné sur l’inférieur(Boulgakot). Le reconnaître, c’est s’entendre appeler à la gloire: Venez les bénis de mon Père.
Le Paradis n’est pas un spectacle à voir mais un titre réservé à ceux et celles qui s’alignent sur l’inférieur. De riche qu’il était, Il s’est fait pauvre pour que nous devenions riches. Jésus est entré dans l’Histoire en descendant ver le plus bas. Voilà dit autrement ce qu’a été la vie d’Elisabeth de Hongrie. Une vie de descente vers les plus bas. Dévorée par l’amour de Dieu, dévorée par l’amour de son époux, dévorée par l’amour des exclus, elle a expérimenté, à l’exemple de François, son modèle, la joie du détachement des biens jusqu’à offrir son lit nuptial à un lépreux en qui elle voyait Jésus. Elle a refusé d’enfouir en terre le talent de l’amour et de la compassion.
Heureux l’homme qui a une telle épouse vient de nous dire Sirac le Sage. Si quelqu’un ne s’occupe pas des siens, les gens de sa rue, de la rue, il a déjà renié sa foi (Tm5, 6 2e lecture). J’avais faim et vous m’avez donné à manger, malade et vous m’avez visité (Evangile). Autant de texte pour dire la vie de celle qui fut un véritable document écrit par l’Esprit du Dieu vivant. (2 Cor 3,3) Pour elle, l’Evangile n’était pas quelque chose à faire mais quelqu’un a aimer.
A quelques semaines de la fin de cette année jubilaire, consacrée à l’Incarnation de Dieu en Jésus de Nazareth qui est descendu du ciel(Credo), Elisabeth de Hongrie nous invite à être une Eglise qui descend, qui accepte de sortir des sentiers battus, une Eglise du Magnificat qui sait tendre la main aux malheureux, exalter les pauvres, élever les humbles, nourrir les affamés, accueillir chez soi les lépreux. Nous avons à nous convertir constamment à descendre vers le bas alors que nous sommes plus enclins à nous élever vers le haut. Pour atteindre le ciel, il faut avoir les pieds sur la terre.
A votre contemplation: accorde-nous de servir avec une inépuisable charité ceux qui sont dans le besoin et l'affliction. (oraison). Cette page de Matthieu a quelque chose de révoltant pour nous qui préférions voir Dieu ailleurs que dans les plus bas. S’Il s’est abaissé à ce point, pour venir jusqu’à nous, s’Il s’est prosterné aux pieds de ses disciples, s’Il nous a donné Son Corps et Son Sang, comment pourrions-nous échapper à Son invitation: afin que vous aussi, vous fassiez de même ?. Une eucharistie pour demander la grâce d’agir comme Elisabeth de Hongrie, comme François. Une eucharistie pour imiter Jésus qui s’est abaissé jusqu’à la Croix. AMEN
ACCUEIL : Elisabeth de Hongrie a reconnu que ce qu’il y a de plus grand, (Goethe) est caché dans le plus bas, le plus infime. Une eucharistie pour nous élever vers le plus bas et entendre Dieu nous dire: Venez partager ma gloire.
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