Année B : Mardi de la 15e semaine ordinaire (litbo15m.03)
Matthieu 11 2-15 l'utopie de Jésus
Voici l’heure d’aller dans la paix du Christ. D’allez vivre et témoigner à la manière de Jean dont Jésus a dit qu’il était plus qu’un prophète. Devenir plus qu’un prophète. Nous avons été « saisis par le Christ de la Cène » « saisis par le Christ de l’autel» « par ce visage eucharistique» (encyclique de Jean-Paul 11 no 60) maintenant nous sommes «saisis et envoyé par Lui» « Allez», «allez vivre» dehors. Allez maintenant contempler le visage du Christ dans le monde, ce monde qui est votre monastère disait votre fondatrice Marcelle Veyrac.
Voici l’heure d’avancer au large. Il ne suffit pas de prier ai-je clamé en ouvrant cette retraite. Jean-Baptiste ne s’est pas contenté de vivre dans le désert. Il est sorti à la rencontre de Jésus. Sa sortie a permis à Jésus de sortir de l’anonymat. C’est aussi notre mission. Sortir pour sortir Jésus de l’anonymat. Nous sommes les mains, le cœur de Jésus. Nous sommes les «sauveurs» de Dieu.
Pour réussir à sortir Jésus de l’anonymat, de l’indifférence, il faut qu’il habite en nous, qu’il nous habite. Songeons à Paul, Mgr de Laval, Marie de l’incarnation, Bonaventure dont la vie fut d’être avec lui. Jésus n’envoie que ceux et celles qui sont d’abord avec lui. «Il en choisit pour être avec lui et pour les envoyer prêcher t(Mc3, 14. «Je m’élance pour tâcher de le saisir, ayant été moi-même saisi par lui »(Ph3, 12)
Ne perdez jamais de vue qu’avant d’être notre œuvre, sortir est l’œuvre de Dieu. Avant d’être un service à réaliser, une tâche mandatée à accomplir, le disciple est envoyé pour reconnaître Jésus : j’étais nu, malade, en prison.(Mtt25)
Je vous envoie réaliser l’utopie de Dieu. L’utopie s’est faite chair. L’utopie c’est avoir un idéal qui ne tient pas compte de la réalité. C’est ce qui nous tient en état d’alerte. Ne soyons pas une Église, ne soyez pas un Institut qui manque d’utopie, qui manque de souffle. C’est l’utopie qui nous pousse à allez faire autrement, faire du neuf en sachant que ce qui est nouveau n’est jamais totalement neuf.
Disciples, nous sommes participants à cette utopie de Dieu, participants de cette vie qui n’est pas encore et non pas de cette vie qui n’est plus. Ne soyons pas irréalistes. Soyons des utopistes en projetant sur notre monde des yeux de Pâques. Des yeux qui voient ce qui n’est pas encore.
Je conclue cette homélie, - non pas cette semaine- en empruntant les paroles de quelqu’un qui vécut toute sa vie de cette utopie faite chair Kierkegaard :
L’un est devenu grand parce qu’il espérait le possible, l’autre parce qu’il espérait l’éternel mais celui qui espérait l’impossible fut plus grand que tous (cité par Van Bladet dans collectanea cistercienscia, tome 65, 2003,-1-)
Au centre de l’utopie, il y a Pâques. Au centre de don suprême, un geste mémoire pour nous souvenir, un geste qui concentre (lettre encyclique de Jean-Paul 11 sur l’eucharistie) tout le mystère de cette utopie faite chair. AMEN
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