Dimanche de la cinquième semaine du Temps ordinaire (litao05d.11)
Matthieu 5, 13-16
Parole de Dieu: Vous êtes, vient de dire Jésus. Il ne dit pas devenez, soyez, mais vous êtes. «Parole-bénédiction», «parole-révélation», «parole-promesse» que Jésus adresse à ces disciples. À nous. Vous êtes. Invraisemblable, nous avons, nous humains, très humains jusqu'à devenir moins qu'humains, avec mission de donner de la saveur à la bonne nouvelle (Mc 16, 15).Il y a de quoi être ému jusqu'aux entrailles à l'écoute de cette adresse inouïe, de cette salutation un peu «folle» que Dieu, en Jésus, nous fait. Vous êtes, c'était aussi la salutation-thème des journées mondiales de la jeunesse à Toronto, en 2002.
Puis Jésus se fait plus précis. Vous êtes le sel de la terre. C'est l'absence de sel ou quand il y en a trop que l'on remarque sa présence ou pas. Nous sommes seulement une poignée de sel qui ne se voit pas mais qui donne du goût. Dit autrement : parce que c'est la propriété du sel, nous sommes la conservation de la nourriture de la parole de Dieu. Des artisans capables de faire goûter la douceur de Dieu. Des paroles de Dieu (1 Pi 4, 11) qui donnent du goût, de la saveur aux événements quotidiens.
Jésus ne nous appelle pas à nous faire remarquer, à utiliser le prestige du langage humain ou de la sagesse (1 Co 2, 1)mais à devenir, par notre présence, «saveur» de bonne nouvelle; il nous appelle à donner de la saveur aux événements qui nous entourent. C'est un très beau chemin d'évangélisation, une belle manière de faire goûter à l'Évangile. À
Mais Jésus ne s'arrête pas là. Il ajoute : Vous êtes lumière. Mais de quelle lumière s'agit-il? Non la lumière tamisée du jour qui s'achève, non celle radieuse qui annonce une journée splendide, non celle aveuglante des caméras de TV, ni même celle qui brille dans les yeux des nouveaux nés, ni mêm celle que dégage un couple heureux ou un jeune «catho» engagé dans sa foi. C'est celle qui est le vêtement de Dieu, dit superbement Angelus Silesius (1624-1677). Dieu est lumière (1 Jn 1, 5).
La première lecture nous en laissait entrevoir sa luminosité: Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière deviendra comme l’aurore. Ailleurs Paul écrit : Paraissez comme des sources de lumière, vous qui portez la parole de vie (Phi 2, 15). Nous venons de l'entendre : On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau.
Quelle responsabilité ! Pour nous éviter cet avertissement d'être du sel sans saveur, d'être foulé aux pieds, d'être lumière qui n'éclaire plus, pour nous éviter de faire ombrage à la lumière, deux conditions s'imposent à nous : 1) être des disciples semblables à Jésus dans sa relation avec le Père. Semblables à Jésus dans sa prière. Semblables à Jésus dans son écoute de Père. 2. Être aussi semblables à Jésus dans nos manières de vivre entre nous, semblables jusqu'à poser sur les autres le même regard que Jésus porte sur nous. Semblables, comme l'exprime Paul, jusqu’à conserver l'unité de l'Esprit par le lien de la paix (Ep 4, 3). Il ne s'agit pas ici seulement de connaissance mais de mener une existence habitée par l'Esprit au point d'apparaître comme un «autre Christ».
À votre contemplation: entendons Jésus lui-même nous redire ce qu'il exprimait hier à ses disciples et que nous rapporte Marc, l'évangéliste : ayez du sel en vous-même, et soyez en paix les uns avec les autres (Mc 9, 50). Disons-le autrement : ayez-moi en vous, recevez-moi qui suis votre vie et votre résurrection, et vous connaîtrez entre vous la paix, ma paix, qui durera toujours. AMEN.
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