Année A : 4e dimanche de l’AVENT (litaa03v.07)
Mtt 1, 18-24 : COMPORTEMENTS DÉRAISONNABLES
« Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas », disait Augustin devant le mystère de Noël. À l’heure où l’on parle tant des accommodations raisonnables, nous voici comme croyants devant des comportements déraisonnables. Au lendemain de la publication des orientations gouvernementales concernant le programme de culture religieuse que l’État veut implanter en septembre prochain, le chef de l’opposition s’y opposait parce cela allait « mélanger » les enfants. Il y faisait allusion à une culture religieuse plutôt méconnue ici et qui transformait le Dieu en fée. Il demandait un moratoire. Mais ce comportement déraisonnable est la bonne nouvelle à offrir à notre monde. C’est le chemin de l’Évangile.
Notre foi repose sur des comportements sur des comportements déraisonnables qui provoquent des remous chez les croyants. Nous sommes tellement habitués à répéter des formules « Dieu s’est fait homme », « Le Verbe s’est fait chair, il est né de Marie, vierge », à entendre la Parole de Dieu que nous n’entrons plus dans le mystère du déraisonnable. C’est déraisonnable que d’affirmer aux yeux des différentes cultures religieuses qu’un Dieu Très-Haut, lointain s’est fait le Très-bas. C’est déraisonnable de saisir que l’Incréé, le Dieu Tout Autre est descendu tellement bas que « personne ne lui ravira la dernière place (Charles de Foucauld). Quelqu’un qui se déclare « Fils de Dieu » « sauveur » et qui prend le chemin de la dérision et de la mort, peut-il encore se dire Dieu ? Comment comprendre l’agenouillement d’un Dieu devant un plus bas que Lui ? Comment comprendre qu’un Dieu puisse ne servir qu’à laver les pieds empoussiérés de disciples?
Devant ces comportements divins nous sommes quelque peu « frileux » - le mot est de Benoît XVI – pour clamer comme on l’a entendu cette semaine que des femmes stériles ont donnés naissance à un enfant : « un homme nommé Manoa, sa femme était stérile » (Juges 13,2) « Élisabeth n’avait pas d’enfant. Elle était stérile » (Lc 1, 7) Une Vierge immaculée qui s’entend dire «Tu enfanteras un Fils, tu lui donneras le de Jésus ».
Devant nos yeux contemplatifs d’un si grand mystère –celui de la disproportion du déraisonnable qu’est Noël, nous, humains, avons besoin d’un modèle – celui de Joseph- que nous offre à voir ce matin l’Évangile.
C’est devant ce Dieu aux comportements déraisonnables, que se trouve confronté Joseph ce matin. Quel drame il a pu ressentir dans son cœur d’humain en apprenant que celle qui lui était « accordée en mariage », était enceinte? Son cœur était labouré par l’épreuve. Il était dans cette nuit de foi dont parlent les mystiques. Au cœur de sa nuit, Joseph avait besoin d’espérance, d’un peu d’oxygène pour respirer. Il a entendu une voix « ne crains pas de prendre chez toi Marie ». Ce fut sa mission « ne pas craindre ». AU cœur de cette blessure blessante qui se vit ici à quelques jours de Noël, parlons au nom de Dieu, je vous demande « n’ayez crainte ».
Ce que Joseph nous laisse voir, ce que la 1re lecture nous fait entendre, ce que s. Paul exprime sur sa mission, montre qu’accueillir Jésus, lui donner naissance en nous ne sera jamais facile. Ce ne fut facile ni pour Marie, ni pour Joseph. Ce n’est pas facile de vivre les événements qui affectent votre paroisse. L’écriture nous enseigne qu’aider Jésus à naître dans les cœurs, que de semer une présence de compassion, de soutien jusqu’à accueillir chez soi des maganés de la vie, que de voir son Visage, Le contempler dans ces « misérables » que nous aidons, c’est dangereux. Sr Estelle y a laissé sa vie.
Paul nous dit dans la 2e lecture, la mission de l’Envoyé Jésus, la nôtre, nous conduit à mener une vie d’embûche. Nous sommes baptisés pour porter une mission dangereuse. Mission que l’on ne choisit pas, qu’il convient d’accueillir, au risque de voir s’éteindre la grâce qui nous a été donnée. Annoncer la bonne nouvelle qui concerne Jésus, né de la race de David, selon l’Esprit qui sanctifie, établi par sa puissance de Fils de Die par sa Résurrection » sera toujours mortel pour le messager.
Nous avons reçu l’impossible mission de montrer l’Inconcevable : Un Dieu fait homme, né d’une Vierge, qui a souffert et ressuscité. Un Dieu qui s’est rapetissé pour ne pas nous effaroucher. « Un Dieu qui s’est refusé d’être enfermé dans ce qu’il y a de plus grand pour se laisser enclore dans ce qu’il y a de plus petits » (Hölderlin )
En disant OUI malgré la tempête intérieure qu’il vivait, Joseph a reçu dans sa vie d’homme croyant le plus grand trésor que l’humanité puisse offrir. Il est devenu l’ombre du Père (André Doze)
«Celui que tous les prophètes avaient chanté, celui que la Vierge attendait avec amour et que Jean-Baptiste a proclamé la présence au milieu de notre monde », qu’il nous donne la joie d’entrer maintenant dans le mystère du déraisonnable d’un Dieu qui prend les devants pour nous sauver. amen
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