Année B: Mardi 8e semaine ordinaire (litbo08m.12)
Mc 10, 28-31. vivre pour l'autre et non pour soi - mode tendance de l'évangile.
Qui de nous peut donner son esprit aux autres ? Même dans la plus belle relation entre homme et femme, entre mère et enfant, cela est impossible. Pour Jésus, c'est possible. Il se réjouit de son départ parce qu'il confirme que nous pouvons tellement vivre de son esprit (cf 1 Pi. 1, 10-16), être baptisé dans son esprit, que nous devenons des tenants lieux de Dieu sur terre (A Gesche). Que nous devenons sa mère, ses frères et ses soeurs (Cf Mc. 3, 34). Avoir l'esprit de Jésus, c'est avoir le sens de l'humain. C'est développer ce qui fait l'humain dans notre humanité en devenant humain.
L'homme d'affaire Emmanuel Faber affirme avec clarté dans son livre chemins de traverse. Vivre l'économie autrement (Alban Michel 2011) qu'il ne voit pas beaucoup d'art de vivre ensemble dans une économie toute centrée sur le rendement.Sur le profit des actionnaires. Je regarde autour de moi. Je regarde en moi. Je ne vois pas beaucoup d’art, pas beaucoup de vivre, pas beaucoup d’ensemble. Pour l'auteur, la mondialisation est un détournement de l'humain au profit du profit. Pour lui, être humain dans ce monde «mondialisé», vivre selon l'esprit de Jésus signifie ne pas se dérober à notre responsabilité à l'égard d’autrui sans attendre la réciproque. De ne pas nous détourner de la morale au profit du profit (p.24).
Avoir l'esprit de Jésus dont parle cet homme d'affaire et que Pierre confirme dans la première lecture, c'est refuser le veau d'or qu'est cette mode tendance du profit pour du profit et qui nous détourne d'une terre neuve. D'une terre humaine. D'une terre pascale. Cessez de modeler vos désirs sur ceux que vous aviez autrefois, quand vous étiez dans l'ignorance vient de nous dire Pierre (1 Pi 1, 15).
Avouons-le, ce n'est pas très tendance, pas très séduisant que de prendre le chemin du tout quitter de l'évangile que Benoît XV1 traduit par cette sainte aventure de nous perdre nous-mêmes. Avoir l'esprit de Jésus, c'est un exode, un appel à nous tenir dans les marges de ce moi qui dans les réseaux sociaux, est loin de perdre ses lettres de noblesse. Une certitude : dans la mode tendance de l'évangile personne n'aura quitté .... une maison, (un bien) sans qu'il reçoive au centuple.
L'esprit de la Pentecôte qui est l'esprit de Jésus appelle le démantèlement de cette mode tendance du super-moi que nous appelions autrefois l'orgueil. C'est une lutte permanente, un combat quotidien. Quitter ce moi, c'est (devenir) l’homme nouveau qui naît du baptême, l’homme contraire à celui qui était avant, l’homme pour l’autre et non pour soi, l'homme du 8e jour du monde (Jean Bastaire dans insurrection pascale).
Saintetés, ce (vivre) pour l'autre et non pour soi condense tout l'esprit de l'Évangile. Il est toujours à naître en nous, exige beaucoup d'intériorisation de la Parole. Il est un puissant chemin d'évangélisation pour faire advenir Dieu dans les coeurs, ce Dieu que nous avons à sauver (de nos mois) plutôt que de nous laisser sauver par lui (Etty Hillesum). Cette manière de vivre nous fait ami de Dieu (Jc 2, 23).
À votre contemplation: en reprenant ce temps de la Pentecôte, donne-nous, Seigneur, ton souffle de vie. Donne-nous de retrouver (même avancé en âge !) élan et dynamisme pour rendre humaine notre humanité en mode tendance mondialisation déshumanisante et d'achever ainsi l'enfantement d'une terre neuve (Rm 8, 19-22).
Que se réalise ce que Paul écrivait aux Romains : que l'Esprit de Dieu habite en vous (Rm 8, 5-12).Un jour du temps, pour nous dire que l'autre est tellement important dans sa vie, qu'il a la première place dans son projet de refondation du monde, Jésus non seulement a accepté la mort mais il s'est fait eucharistie. AMEN.
http://www.garriguesetsentiers.org/article-l-absence-d-etre-tue-notre-ec.... P.54
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