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2012-B-Mc 2, 23-28-Mardi 2ième semaine ordinaire- tout est neuf

Année B: Mardi de la 2ième semaine ORDINAIRE(Litbo02m.12)
Mc 2, 23-28 : TOUT EST NEUF

Il y a dans le monde, écrivait Pascal, deux sortes de grandeurs. Il signifiait par là qu'il y a deux sortes d'autorité, deux sortes de manière de vivre : celle qui repose ou que donne la fonction et celle qui s'édifie par l'intérieur. Le théologien Joseph Moingt parle du pôle religieux tout axé sur l'extérieur et du pôle évangélique tourné vers l'intérieur.

Toute sa vie Jésus a été confronté à cette double grandeur : celle qui vient d'une pratique de la religion avec ses lois, ses pratiques cultuelles, ses règles morales et celle qui jaillit de la foi qui nous introduit dans une manière de vivre qui fait sens comme nous l'indique ce passage de Marc.    
     
Le gros bon sens, c’est d’abreuver même un jour de sabbat, les animaux. Le gros bon sens, nous sommes « donnés », « voués » à faire vivre même le jour du sabbat. Le gros bon sens, comme l'exprimait Benoît XVI, citant le Talmud (58b) dans sa rencontre avec les notables juifs lors de son dernier voyage à Paris, c’est que le shabbat vous est donné, mais vous n’êtes pas donné au shabbat. Le gros bon sens, c'est que Dieu fait encore sens, que ce mot est dangereux (Yves Burdelot) tellement il est le plus chargé de sens quand nous nous mettons à la recherche de ce qui fait sens (je paraphrase une idée chère au théologien Moingt, dans Croire quand même, éd. Temps présent, 2010).        

Cette page est invitation à délaisser un comportement tout centré sur l’apparence extérieure,- ici en communauté, nous ne sommes pas épargnés de cette tentation -, invitation à cesser de clamer sans vivre d’un cœur nouveau et d’un esprit nouveau (Ex 36, 36). Jésus, dans sa personne, débordait, dégageait, transpirait d’un esprit nouveau qui faisait sens. Il était habillé d’un vêtement nouveau, d’une tunique sans couture (Jn 19, 23). Il n’était pas un rapiécé.
 
Éprouvons-nous devant ce texte cette joie parfaite de nous savoir en présence de quelqu'un qui est plus grand que le sabbat parce qu'il est le maître du sabbat (Mc 2, 28 ; Lc 6, 5) venu donner sens, une direction ou une orientation à notre vie de foi ? Jésus n'est pas venu nous proposer un code religieux. Il n'a même pas cherché à faire école. Il est venu nous arracher à l'inhumanité de comportements sans profondeurs, extérieurs pour nous ouvrir à une humanité achevée, accomplie. Croire en Jésus est un mode d'existence qui fait neuf. C'est une manière d'être humain qui montre Dieu en nous.

La première lecture, tantôt, confirme l'attitude de Jésus que l'évangile nous présentait. Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l'ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. Et le regard de Dieu se pose sur un garçon [qui] était roux, [qui] avait de beaux yeux, il était beau. Le Seigneur dit alors : C'est lui ! Donne-lui l'onction.

Tout au long de sa vie publique, Jésus amène ses interlocuteurs vers leurs terres intérieures. Il les éduque à une vie de foi qui évolue par et vers l'intérieur. Il les invite - et là réside la nouveauté du salut - à gravir la montagne ... Et de nous tenir dans le lieu saint (Ps 23, 3), ce lieu qui est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes, dit Augustin, que certains appellent le Père de l'intériorité. Il nous faut lire l'Évangile par l'intérieur. Le vrai chrétien, le vrai  croyant se garde de faire des bonnes œuvres devant les hommes, pour être vus d'eux (Mt 6, 1). C'est  très actuel.
 
Saintetés, faisons sens. Soyons sens. Celui qui vit dans la lumière ne cherche qu’à s’effacer devant Dieu. Celui qui vit dans la nuit cherche à se rendre lui-même aussi important que possible.  Avant d'agir, Jésus ne demandait pas si la personne devant lui était pour ou contre lui, si elle observait ou pas les commandements. Jésus n'appartenait pas à cette sorte de grandeur - celle de se satisfaire de ne pas guérir, de ne pas se nourrir du blé des champs le jour du sabbat -; il n'était pas l'homme du sacré, il était humain. Voilà ce qui séduisait les foules. 

À votre contemplation ces mots pleins de sens de saint Augustin : Te voilà devant Dieu, interroge ton cœur ; vois ce que tu as fait, et ce que tu as désiré en le faisant : ton salut ou une vaine gloire humaine ? Regarde au-dedans, car l'homme ne peut pas juger celui qu'il ne peut pas voir. Si nous apaisons notre cœur, apaisons-le devant Dieu. AMEN

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Date: 
Mercredi, 1 février, 2012

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