Année B : Vendredi de la 34 e semaine ordinaire (litbo34v.03)
Lc 21,29-33 le figuier : PRENDRE LE TEMPS DE GRANDIR
Au cours de la nuit je regardais (1 ère lect) Comme hier, notre premier regard s'arrête à observer avec angoisse les événements (cataclysmes), terrorisants de notre quotidien. Mais comme nous y invite le prophète Daniel, il nous faut un second, un troisième regard plus intérieur, plus pénétrant, plus contemplatif pour voir dans ces événements comme un Fils d'homme (Dn7, 13. L'histoire du figuier et ses bourgeons a été précédée de signes qui au premier regard alimente en nous un esprit angoissé . «J'avais un esprit angoissé » dira demain le prophète.
Comme Daniel, Jésus fut affecté par les « nouvelles » qu'on lui rapportait. Songeons à la tour de Siloé. Au lieu de voir dans les événements l'axe du mal, Jésus orientait les regards vers plus de profondeurs. Comme nous y invite Luc ce matin, Jésus plaçait ses auditeurs devant le mystère chrétien : porter du fruit . Il serait presque blasphématoire de penser ne serait-ce qu'un seul instant, que les cataclysmes d'hier et d'aujourd'hui sont des punitions divines.
Ce que notre monde attend, ce n'est pas une Église, prophète de malheurs, mais une Église, des chrétiens qui ont le courage de la différence , qui sont capables de voir au-delà de la nouvelle. Ne serait-ce pas un beau regard, un regard en profondeur que de voir dans le terrorisme actuel un appel à porter des fruits de justice, d'égalité, d'harmonie! Ne serait-ce pas avoir le courage de la différence que d'y voir la conséquence de l'axe de l'injustice? Nous parlons peu de cet axe.
Nous ne sommes plus disciples quand nous pensons, vivons et voyons comme tout le monde. Nous ne sommes plus sel de la terre si nous nous jetons dans le cirque de la consommation effrénée qui contribue aux terrorismes sous toutes ses formes. Présentement, refuser comme chrétiens d'embarquer dans cette surenchère de la consommation –comme ce temps préparatoire à Noël nous y invite – paraît un véritable martyr équivalent à celui des chrétiens jetés hier dans les fausses aux lions. Sommes-nous prêts à témoigner de notre foi en ne tombant pas dans le cirque de la consommation? .
Se convertir à la différence jusqu'à devenir un beau et bon fruit juteux sans cet additif dont notre société sait utiliser avec un art raffiné. ?« Lorsque vous verrez cela, (vous verrez des beaux regards ) sachez que le Royaume de Dieu est proche . Songeons à cette parabole de ce maître à la réputation exigeante, il n'attendait qu'une chose de ses serviteurs: porter du fruit. Heureusement pour nous, notre Dieu sait que les fruits (le figuier) ont besoin du temps pour croître et mûrir. Quand nous voulons porter trop vite du fruit vient de laisser entendre Luc, nous desséchons. Avant la saison des fruits, il y a celle de la croissance. N'éprouvons-nous pas chaque jour cette réalité dans notre vie d'oraison ?
A votre contemplation : Nous entrons dans le temps de la croissance des fruits de fraternité entre nations, la saison d'une mentalité de réjouissance qui est saine, la saison d'un Pain nouveau. Nous avons besoin de ce temps de l'Avent, des fêtes pour que notre présent douloureux d'un passé qui pèse lourd soit rempli d'un Salut. Nous avons besoin de ce temps pour que notre présent soit riche d'avenir, d'une terre qui éclatera en un monde nouveau de lumière et de gloire, d'une Église qui sait naître à la nouveauté de l'aujourd'hui de Dieu. Que cette eucharistie soit signe –et quel signe- qui nous laisse voir venir « comme un Fils d'homme (Dn 7,13) qui nous laisse voir venir celui qui est venu (Thème de l'Avent 2003) , qui vient et qui reviendra. AMEN
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