Année A : Lundi 34e semaine ordinaire (Litao34l.08)
Lc 21, 1-4 générosité de la veuve
Quand nous y songeons un peu, cette femme a posé un geste renversant, magnifique, un geste émouvant. Elle a donné ce qui lui était essentiel pour vivre. Rien n’est plus libérateur que ce geste de détachement de tout, même de l’essentiel. C’est un geste trésor que seul l’Évangile peut nous faire admirer. Notre société capitaliste, nos mentalités d’être propriétaire de tout, nos insécurités et nos peurs de manquer de « superflu », nous tiennent loin d’un tel geste pourtant si libérateur. Qui nous libère de nos attachements?
Cette veuve est riche parce qu’elle n’a rien. Parce qu’elle n’a pas de prise, ne désire pas d’emprise sur ses biens. Elle est démunie de toute puissance. Elle est l’image qui nous reflète Dieu. Notre Dieu est Dieu parce que lui aussi n’a aucune emprise sur nous. Ce que nous contemplons ce matin, c’est Jésus lui-même qui se donne à voir, qui nous fait voir son propre mystère : Il nous a tout donné. « De riche qu’il était, il s’est fait pauvre pour nous enrichir » (2 Co 8, 9). Révélation de la pauvreté de Dieu, de sa dépossession de tout. Notre Dieu, comme cette veuve, n’a rien parce qu’il n’est que don.
Si Jésus a tellement été en admiration devant ce geste à première vue anodin, c’est que cette veuve a fait passer le don, la générosité avant son propre intérêt. Pour Jésus, - quel message à retenir pour vos vies – la qualité du cœur qui donne importe plus que la quantité qui est donnée.
C’est ce que nous avons célébré dans la fête du Christ-Roi. Jésus invitait « à sa droite » ceux qui vivaient la chartre des béatitudes, qui n’étaient que don. Ce chemin des béatitudes déclare heureux ceux qui se libèrent de leurs colères pour s’habiller de bonté, qui se départissent de leur orgueil pour mener une vie humble, simple, qui rejette tout désir de tout contrôler pour construire la paix.
Saintes femmes, ce matin, Jésus regarde tranquillement ce que nous apportons, ce que nous sommes prêts à sacrifier pour le Royaume. Ne songeons pas ici seulement au matériel, à nos piécettes d’argent que nous aimons bien conserver « au cas où », mais allons-nous verser dans les troncs et cœurs de nos compagnes le temps que nous avons, les forces qui nous restent, notre regard … ?
La pauvre veuve de l'Évangile aurait pu se dire: « De quoi vais-je avoir l'air avec mes deux piécettes? Ce n’est rien face à la générosité abondante des autres! » Nous entendons la même réflexion autour de nous : « J’ai tellement peu à donner, ça ne vaut pas la peine ».
Au regard de l’Évangile, toute personne qui se crispe sur ce qu'elle a, est riche d’une fausse richesse. Nous pouvons autant nous crisper sur nos richesses : confort, argent, culture, valeurs héritées du milieu, histoire passée, indépendance de vie, comme nous pouvons nous crisper sur nos carences, nos limites, nos échecs ou nos fragilités. Dès qu'il y a en nous crispation sur un avoir ou sur un manque, c'est le signe que nous tournons le dos au Royaume annoncé par Jésus.
À votre contemplation : il y a des gens qui donnent beaucoup, mais ne sont pas tenus pour généreux aux yeux de Dieu. Il y a des gens qui ne possèdent rien et qui dans leur cœur, souffrent pour ceux qui n’ont rien. Une eucharistie pour devenir louange à Dieu pour ceux et celles qui jettent leurs piécettes dans le trésor de Dieu. Comme cette veuve, Jésus s’abandonne à son Père. Et pour nous, il lui remet sa vie. AMEN.
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