Année B : Lundi 34e semaine ordinaire (litbo34l.09)
Lc 21, 1- 4 Obole de la veuve
Cette femme l’ignorait mais son geste annonçaient - et avec quelle lumière- le geste parfait de Jésus accompli une fois pour toute (He 9, 26). Le geste de cette femme qui a tellement impressionné Jésus préfigurait Celui dont elle ignorait même la venue. Si Jésus a attiré l’attention de ses disciples sur ce qui se passait sous leurs yeux, sans qu’ils s’en aperçoivent, c’est bien pour nous interpeller, nous aussi, aujourd’hui.
Que voyons-nous dans cet épisode que nous rapportent les trois évangélistes. Nous voyons un Jésus admiratif devant une pauvreté réelle qui n’empêche pas cette femme de manquer même de l’essentiel pour servir son Dieu. Nous voyons un Jésus ravi, transporté de joie parce qu’elle a donné sa pauvreté s’en s’arrêter à ce que peuvent penser les « riches » sur son geste. Nous voyons un Jésus bouleversé dans son être profond devant la pauvre veuve du temple parce qu’il s’est reconnu en elle.
Comme cette femme, Jésus a tout donné, même sa vie. Jésus est venu offrir à son Père non seulement tout ce qu’Il a, mais plus encore de tout ce qu’Il est. Pour quelques piécettes de monnaie, quelque trente deniers (Mt. 27,3), qui seront ensuite rejetées par Judas dans le sanctuaire, Jésus sera livré, dépouillé de tout pour nous sauver et nous enrichir à l’infini. Lui, de riche qu’Il était, Il s’est fait pauvre pour nous enrichir de Sa pauvreté (2 Co 8,9). Tout ce qu’Il avait de ce rang qui L’égalait à Dieu, Il nous l’a donné (Ph 2,6). De pauvre qu’elle était, cette femme par son geste est devenue riche aux yeux de Dieu.
Et nous qui écoutons cette page, sommes-nous dans la logique du cadeau en donnant de notre superflu, en nous félicitant de notre générosité ou optons-nous de suivre Jésus dans la logique du don total avec la pauvre veuve, la logique du sacrifice : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ? Qu’avons-nous que nous n’avons pas encore donné à Dieu, aux autres ? Qu’avons-nous que nous ayons gardé pour nous-mêmes ? Savons-nous à tout instant du jour nous tenir dans une véritable disponibilité de cœur pour répondre à celui ou celle qui viendra solliciter notre écoute ou notre attention ?
Quel mystère lumineux se cache derrière ce geste, ce dépouillement où le nécessaire que cette veuve avait pour vivre nous montre un Dieu dépouillé de lui-même ! Quelle beauté se profile en filigrane derrière ces deux petites piécettes qui ouvrent le cœur de Dieu à faire de même ! Quelle invitation à changer nos regards ! Ce geste, ce beau geste qui a traversé l’histoire pour nous parvenir parce que Jésus l’a remarqué, le voyons-nous aujourd’hui se reproduire au centuple autour de nous. Savons-nous nous émerveiller de tous ces petits gestes de rien qui ne font pas de bruits mais beaucoup de bien ?
Une double vision nous est offerte : celle de reconnaître dans ce geste, Jésus qui nous a tout donné et celle non moins évangélique de convertir notre regard pour admirer ce qui peut nous sembler à première vue anodin. Nous aussi nous risquons comme cette foule dans le temple de ne rien voir de ce qui est beau.
Toute sa vie Jésus n’a cessé d’ouvrir les yeux de ses disciples sur des réalités qu’ils ne voyaient pas : le grain de blé qui en mourant porte fruit, la drachme perdue qui retrouvée, irradie de joie, la générosité d’un Zachée qui recevant Jésus chez lui à donner la moitié de ses biens aux pauvres. Dans le temple, Jésus ne fait que continuer sa mission de nous éveiller à donner de l’importance à ce qui paraît sans importance.
À votre contemplation : tant de gens, autour de nous, parfois très proches de nous, nous parlent silencieusement de Dieu! Leur générosité sobre, sans tambour ni trompette, leur bienveillance sans prétention embellissent notre monde. Mais nous préférons- et c’est tellement plus facile- de nous laisser gagner par la morosité ambiante plutôt que de prêter attention à ce qui fascine Jésus. Jésus nous apprend que la v raie beauté est ailleurs. Une eucharistie pour guérir nos regards afin de mieux reconnaître que Dieu est à l’œuvre. Oui autour de nous et en nous, le Seigneur fait encore des merveilles qui devraient donner de l’espérance à nos vies. AMEN
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