ANNÉE B: samedi 24e semaine ORDINAIRE :
SÉDUIT PAR LES SEMAILLES ET NON LA RÉCOLTE (lc8 4-15)
Que le Christ nous aide ce matin à accueillir cette Parole semée en nous avec un cœur avide et assoiffé! La vision de Paul s’applique à nous : «Ce qui est premier en nous, c’est l’humain et ensuite seulement le spirituel » (1re lecture). Nous sommes à l’image de l’humain pétri de la terre. Nous portons un « poids d’être ». Nous sommes aussi à l’image de Celui qui vient du Ciel. Nous désirons amasser dans le grenier de nos cœurs le trésor «semé» par le Semeur Jésus. Le matériel nous attire. La Parole de Dieu aussi.
C’est pour que notre être spirituel se développe au même rythme que notre être humain que nous délaissons nos occupations pour consacrer tout ce week-end à Dieu. Sans cela, la Parole de Dieu risque de tomber sur le bord de nos cœurs. D’être entendue, mais vite étouffée « par les soucis parce que (menant une vie) sans racine» (Ev). « Tant que Dieu n’est pas source jaillissante en nous, nos manières de servir risquent d’être le fruit de nos psychologies au lieu de voir s’effacer notre moi pour laisser Dieu agir (Robert de Langeac).» Nos bonnes intentions de servir comme Lui, de porter du fruit sont souvent démenties par les faits. Nous avons des oreilles qui n’entendent pas! (Mc8, 16).
Ce que nous dit cette parabole c’est que l’évangélisation ne viendra jamais de nos vies « besogneuses », de nos astuces de restructuration si efficaces soient-elles. Elle viendra du Semeur qui nous choisit pour devenir de bonnes terres, des terres à fruits, révélatrices de sa Présence agissante en nous. Ce sont nos vies qui confirment que nous « retenons » sa Parole « dans un cœur bon et généreux ». Ce sont « nos yeux fixés à le contempler » (lettre nouveau millénaire) qui demeurent le meilleur outil d’évangélisation de nos milieux.
Nos regards fixés sur Jésus nous font découvrir que le travail du Semeur à se semer Lui-même sur la terre, a suscité au début un grand enthousiasme. Des malades étaient guéris, des démons expulsés, des foules Le cherchaient parce qu’ils croyaient que le monde ne serait plus le même. Mais un regard prolongé sur Jésus nous fait voir que si une Bonne Nouvelle a été semée, rien pourtant ne semblait changer. La vie demeurait tellement difficile que très tôt l’enthousiasme s’est changé en abandon. Le Semeur décevait lamentablement.
A la fin de sa vie, Jésus a résumé toute cette parabole en disant que « si le grain de blé ne tombe pas en terre et ne meurt pas, il demeure seul ; s’il tombe en terre et s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » (Jn 12,15) Le prix pour être semeur, c’est de donner son sang. L’itinéraire du Semeur Jésus est le nôtre. Élus pour étonner le monde à suivre avec sérénité la voie que Jésus a empruntée.
Il y a 40 ans, nous avons entrepris avec enthousiasme l’aggiornamento de notre Église. Force est d’observer aujourd’hui que malgré tout le travail de mise à jour de nos « méthodes » pour trouver celle qui serait la meilleure pour semer la Parole, nous nous retrouvons devant un échec retentissant. Nombreux sont ceux et celles qui ne connaissent que de nom la foi chrétienne. Ce ne sont ni les « méthodes », ni les restructurations qui manquent présentement, c’est notre capacité de prendre le chemin du Semeur : « quand tu sèmes une graine, elle ne peut pas donner vie sans mourir d’abord » (Lecture). Tout ce week-end nous fera comprendre que si Lui, Semeur sorti pour semer sa vie, est tombé comme un grain de blé, qu’il a semblé raté sa vie, il en sera ainsi de nous. « Choisis pour servir » « choisis pour semer », tout le week-end nous dira que c’est notre coup de mort.
Ce qu’il faut savourer dans cette parabole, c’est que notre Dieu dit le mystique Tauler « semble être infiniment plus séduit par les semailles que par la moisson », par les chantiers, les commencements, les surgissements, les éclosions, les éveils que par les résultats. Ce qu’il faut savourer, c’est que nous ne sommes qu’à l’époque des semailles, celle où la semence apparaît négligeable, presque rien à la manière de ce grain de blé jeté en terre. Ce travail d’ensemencement de la Parole semble n’avoir que peu de retentissement. C’est en entrant dans ce processus de souffrance, de mort d’enfouissement que nous parviendrons à la moisson. C’est dans la souffrance que se transmet l’Évangile, que l’on construit un monde meilleur.g
Dans cette semence tombe sur le bord des cœurs qui l’entendent sans l’accueillir mais qui tombe aussi en bonne terre qui donne trente, soixante, du cent pour un, l’avenir est présent parce que cette semence le pain de demain. La vie de demain. Elle fait vivre aujourd’hui. Ne l’apercevez-vous pas ?
Cette vie de semeur comme l’indique la vie de Padre Pio, n’est pas facile, lui qui a été ridiculisé, rejeté de sa communauté. C’est sa relation personnelle, intime avec le Semeur, qui lui a fait comprendre que c’était là le chemin pour dire Jésus. C’est aussi le nôtre qui sommes « choisis pour servir ». AMEN.
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