Année A : Vendredi 22e semaine ordinaire (litao22v.08)
Luc 5, 33-39 l’époux est avec eux
Qu’avons-nous compris de cette page où Luc rapporte que les disciples de Jésus n’agissent pas comme ceux de Jean ? Qu’ils mangent, boivent, qu’ils font la fête. Important de bien comprendre parce que si nous voulons vraiment être des « intendants des mystères de Dieu » (1 Cor4, 4), si nous désirons nous mériter la confiance du Maître, il nous est demandé de délaisser nos vieilles habitudes – le texte dit « nos vieux vêtements »- pour nous donner des comportements de grande mobilité et souplesse qui dégagent un parfum d’un Évangile toujours nouveau, toujours rafraîchissants.
Questions : Comment vivre notre quotidien avec nouveauté, dégagé de la routine qui nous colle tellement à la peau ? Routine qui nous sécurise mais nous évite de nous laisser déranger par l’Évangile. Comment agir avec nouveauté, à l’heure où notre foi se vit sur du « déjà » appris, du « déjà » acquis ? Comment, entre nous et avec les autres, laisser voir que l’Époux est avec nous et que nous en sommes épris jusqu’à adopter ses manières de vivre ? Comment éviter des déchirures plus grandes seulement en peaufinant nos vieilles habitudes ?
La réponse que nous donne Luc est simple bien qu’extrêmement dangereuse. Cette page est invitation à délaisser un comportement tout centré sur « l’apparence extérieure », qui n’a aucune utilité; à cesser de clamer sans vivre d’un « cœur nouveau et d’un esprit nouveau » (Ex 36,36). Jésus dans sa personne, débordait, dégageait, transpirait d’un « esprit nouveau ». Il était habillé d’un vêtement nouveau, d’une « tunique » sans couture. Il n’était pas un rapiécé.
Pour le dire dans des mots extrêmement « dangereux » tant ils risquent d’être mal interprétés - c’est cela la nouveauté de l’Évangile que vient de nous dire Luc - Jésus ne défendait pas l’institution. Ce n'était pas son problème. Il ne prêchait jamais la doctrine. Ce n'était pas son problème. Il ne défendait jamais la loi. Ce n'était pas son problème. Il ne se demandait pas avant d’aider quelqu’un s’il était de sa race, de sa religion, s’il était « chrétien ». Ce n’était pas son problème. Jésus appartenait non à une religion. Il appartenait à Dieu, à l’humanité. Jésus dépassait les frontières de la « religion ». Il rencontrait les gens tels qu’ils sont et non pas tels qu’il souhaitait qu’ils soient. Il n’agissait pas d’une telle manière avec un riche et d’une autre avec un pauvre. Voilà la nouveauté toujours actuelle de l’Évangile. Voilà la lutte toujours actuelle entre l’institution et la vie. Entre ce qu’il faut faire et ce qu’il faut être.
Jésus n’est pas venu rasfistoler nos vieilles manières de vivre en placardant un tissu nouveau sur nos déchirures profondes. Il a opéré une radicale nouveauté en projetant sur nous un regard non à partir de l’institution mais à partir de ce qu’il y a de plus beau dans la loi : la miséricorde (Mtt23, 24). Agir autrement, c’est malmener l’Évangile. « Si quelqu’un est en Christ, se réjouissait Paul, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Co 5,17).
À votre contemplation : N’écrasons pas « par nos jugements prématurés » (1er lecture) la personne humaine. S’il y a un jeûne nécessaire, c’est bien de sacrifier nos tendances naturelles à ne voir que le « pas correct », que la « non pratique » religieuse pour favoriser un regard non sur l’extérieur du vase mais sur la beauté qui s’y cache dedans. Une eucharistie pour porter à maturité en nous la fermentation de cet « esprit nouveau». Cela exige que nos outres, nos personnes puissent résister à la pression qu’exige cette nouveauté. Laissons Dieu fermenter nos cœurs d’un vin nouveau, transformer notre vie ensemble en « terre nouvelle » et pourquoi pas, par grâce, « en noces de l’Agneau ». AMEN
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