Année B: Mercredi de la 4e semaine de l’AVENT (litba04me.11)
Luc 1, 39-45 : DES MIETTES DE JOIE.
Un hymne de la liturgie byzantine adressé à la mère de Dieu (VIIe siècle) exprime bien la réaction d'Élisabeth accueillant Marie : Réjouis-toi, jardin du Seigneur, ami des hommes ; réjouis-toi, verger qui porte un fruit de vie ; réjouis-toi Épouse inépousée ; réjouis toi, mère de l'Agneau et du bon pasteur; réjouis-toi, tu ouvres les portes du paradis.
Et l'hymne se termine par ces mots qui sont à mémoriser, à ne jamais effacer de nos cœurs : Quand nous contemplons cet enfantement inhabituel, nous devenons étrangers à notre monde habituel et notre esprit se tourne vers les réalités d'en haut, car le Très-Haut s'est révélé aux hommes dans l'abaissement pour élever tous ceux qui lui chantent : « Alléluia, alléluia, alléluia ».
Tantôt, le Cantique des cantiques nous lançait cette invitation à nous réjouir : Lève-toi, mon amie, viens, ma toute belle. Car voici que l'hiver est passé, la saison des pluies est finie, elle s'en est allée. Et le psaume 33 nous poussait à rendre grâce au Seigneur et à lui chanter un cantique nouveau. Tous les textes de ce jour sont un hymne à la joie, à déborder de joie.
Saintetés, quelque chose se passe en Marie qui la dépasse. Elle bondit de joie et s'empresse d'apporter, à sa cousine, Dieu qu'elle porte en elle. Elle lui apporte la bonne nouvelle qu'elle porte et qui éclate en une bienheureuse rencontre. Deux femmes en état de joie mutuelle. Deux femmes aux déclarations mutuelles d'une telle profondeur que nous n'en saisissons que des miettes (cf Mt 15, 27). Deux femmes habitées par l'Esprit qui leur inspire des cantiques d'émerveillement et d'action de grâce.
Élevons nos cœurs. En ces heures de grandes fébrilités extérieures et intérieures, si nous pouvions nous rassasier, ne serait-ce que de miettes de joie, de miettes d'émerveillement pour ce qui se passe en nous et nous dépasse : Dieu descend vers nous, il vient se mettre à notre portée afin que nous puissions le voir, le toucher et l'entendre parler.
Devant ce qui nous arrive, devant cette descente de Dieu vers nous, comment pouvons-nous ne pas nous réjouir, ne pas exulter d'allégresse ? Grégoire de Naziance exprime bien quelle doit être notre attitude quand il dit : le Christ nait [en nous], rendons gloire. Le Christ descend des cieux, courrons à sa rencontre. Le Christ est sur terre, élevons-nous. Dit autrement :Tous les peuples, battez des mains, joie au ciel, exulte la terre.
Questions : qu'avons-nous fait de plus que les autres pour attirer Dieu à venir faire de nos cœurs son paradis ? Comment avons-nous ce bonheur que Dieu vienne nous visiter ? Quelle perfection, quelle sainteté, quelle fidélité intérieure nous ont mérité cette faveur ? La seule réponse est celle de Marie... il a regardé son humble servante.
À votre contemplation : Dieu ne serait pas Dieu s'il se suffisait à lui-même. L'Amour ne serait pas l'amour s'il se contentait de lui-même. Dieu, en son Fils, nous visite parce qu'il ne peut se contenir en lui-même. Maître où demeures-tu (Jn 1, 38), demandèrent à Jésus les deux premiers disciples. Guillaume de Saint Thierry donne cette réponse dont la beauté est sans fond : nous sommes le lieu où tu demeures et toi le lieu où nous demeurons.
Vraiment Dieu ne cesse de nous appeler à une vie plus belle. Il a noué entre l'humanité et nous un lien si fort que rien ne pourra le défaire (préface). AMEN.
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