Immaculée conception (2004) : UNE TERRE VIERGE
"Nous déclarons, confessons et définissons que la bienheureuse Marie a été au premier instant de sa conception, par une faveur toute spéciale et grâce du Dieu tout-puissant, préservée de toute souillure du péché" Ainsi s'exprimait il y a 150 ans Pie 1X dans la bulle Ineffabilis Dei. Il confirmait une longue tradition de croyants et croyantes qui portaient sur Marie des yeux de Foi.
"La gloire de la grâce" dont " Dieu le Père nous a gratifiés dans son Fils bien-aimé " ( 1 ière lecture Eph 1,3) se laisse voir aujourd'hui en Marie " qui a été rachetée de façon suréminente" (Pie 1X) . Devant cette gloire, nos regards nous conduisent à l'émerveillement. À l'admiration aussi pour tous les "privilèges" dont elle fut comblée - et non le moindre – celui d'avoir été exempt de tout péché.
Devant cette "gloire de la grâce", un autre regard - plus mystique celui-là - nous incite à voir, écouter, agir comme elle. Admirer Marie, c'est déjà merveilleux. Voir, écouter, agir comme elle, c'est changer de perspective. C'est basculer dans l'attente d'un meilleur. Cela conduit à une vision plus personnelle, plus intérieure, plus transformante, plus "hypostatique" avec Jésus. Un tel regard nous fait éprouver qu'en nous lentement, progressivement " la plénitude des temps" s'accomplit. Au début, il y a eu disait la 1 ière lecture un homme, une femme qui ont compromis l'Image du Dieu incrée. "Lorsque les temps furent accomplis", Marie, Jésus ont restauré disait Paul dans la 2 e lecture, cette image pour toute l'humanité. Merveilleux mystère de foi!
Marie appartient à Dieu. Elle est de la "maison de Dieu" disait Saint Ambroise. Elle est dans toute sa fragilité, la beauté incarnée de Dieu, d'un Dieu fragile, la "fille" bien-aimée du Père, du Fils dans l'Esprit. " Elle est la fiancée sans ride, sans tache, resplendissante de beauté,… idéale de toute sainteté " (Préface) . Marie renoue en sa personne avec cette royale sainteté de nos premiers instants. Elle est tellement semblable à Dieu, qu'elle se déclare la plus humble servante de Dieu: " Voici la servante du Seigneur". L'hymne liturgique des Laudes de ce jour clame : " Voici l'aurore avant le jour…celle qui a bâti sa demeure dans les vouloirs du Père. Voici l'épouse inépousée qui porte en secret la salut du monde". Devant cette "gloire de la grâce", il ne nous reste comme réponse, que la contemplation. Que l'oraison.
Aujourd'hui, toute l'Église te dit Marie : " Je te salue, comblée de grâce". Paraphrasant la voix de l'Ange, " ne craignons pas d'accueillir en nous Marie" . Que vienne, que naisse son enfant en nous !. Angélus Silésius écrit avec audace :" Je dois être Marie et faire naître Dieu du dedans de moi-même et il me concédera la bénédiction éternelle" . " Si le Christ , poursuivait-il, était né mille fois à Bethléem, mais jamais en toi, tu serais perdu pour toujours".
Contemplatives, mettre Dieu au monde, mettre Dieu dans notre monde intérieur, passe par une vie – j'utilise un mot repoussant – de purification. Purifier nos regards, nos cœurs, nos intentions, nos actions pour qu'ils laissent voir Dieu, pour qu'ils donnent naissance à Dieu. Dieu naît que dans des cœurs purifiés, devenus immaculés à la suite d'une longue vie d'effort à éloigner tout ce qui n'est pas de l'ordre de l'être divin en nous.
À votre contemplation : Voici devant nos yeux l'image de l'humanité divinisée. Voici le miracle de la beauté retrouvée dont nous avons la nostalgie. Voici la promesse et le gage de notre Salut. Voici l'aurore qui s'avance avant l'aurore. Voici pour nos fils et filles d'Ève exilés, notre espérance. Puisse cette Mère - et je reprends les mots de la prière d'ouverture, nous accorder de parvenir jusqu'à Toi purifiés, nous aussi de tout mal." AMEN
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