Année C: Lundi 7e semaine ORDINAIRE (Litco07l.13)
Marc 9 14-29 : fils possédé, la foi du père
Les gens pensent souvent que la foi sert à bien mourir. C'est tout le contraire qui transparait dans ce passage de Marc. La foi sert à vivre, à bien vivre. Si quelqu'un est dans le Christ, il est une création nouvelle (2 Co 5,17). Il vit bien.
Vivre en créature nouvelle, en création nouvelle exige une double conclusion que confirme cette scène de Marc. Il y a dans ce récit de Marc plus qu'une guérison physique d'un enfant que nous ne connaissons pas. Il y a plus qu'une sortie d'un père éploré allant vers Jésus et surtout d'un père sortant de lui-même, de son autosuffisance pour s'en remettre à quelqu'un d'autre. N'arrêtons pas seulement nos regards, ni sur cet un enfant épileptique, ni sur ce père. Portons-les, en reprenant ce temps ordinaire, sur chacun d'entre nous.
L'enfant, c'est nous avec nos dépendances de toutes sortes, avec nos démons intérieurs, nos soucis de santé. L'enfant, c'est nous avec toutes ces préoccupations, ces dépendances qui prennent tant de place dans nos vies au point où nous avons l'impression de n'être plus libres tant elles accaparent notre quotidien. L'enfant, c'est nous possédés par nos possessions.
Jésus nous dit que nous sommes plus que nos «bobos», que nous sommes plus que la maladie qui nous affecte, plus que le chômage qui nous dévalorise. Jésus nous prend la main pour nous sortir, nous libérer d'un regard exclusivement centré sur l'extérieur (santé, travail, etc.). Il nous introduit sur un chemin non plus axé sur les choses sensibles, mais sur celui qui nous fait tressaillir d'une joie imprenable et qui transfigure toute vie (cf. 1 Pi 1, 8-9).
Le père, c'est aussi nous avec nos désirs de s'en sortir tout seul, de reprendre vie tout seul. C'est nous qui croyons réussir tout seul notre vie. De croire que nous pouvons tout sans la prière. Les disciples se font reprocher par Jésus qu'une vie nouvelle est impossible sans la prière. Le père, c'est aussi nous avec nos sorties-déplacements vers Jésus, avec nos exodes de nous-mêmes pour demander à Jésus au nom de son Père (Jn 16, 24), tout ce qui nous est le plus désirable. Le père, c'est nous qui désirons que Jésus nous libère de toutes ces choses extérieures qui semblent réduire le sens de nos vies mais à qui Jésus ouvre les yeux sur autre chose, quelque chose de plus essentiel, qui fait sens. La vie est plus que ces choses extérieures qui nous préoccupent. Le père, c'est nous, ravis de voir ce Jésus au regard illuminé (il descend de la montagne avec Pierre, Jacques et Jean) et dont la beauté séduit, attire et nous fait tout quitter pour tout posséder.
Récemment, le pape François mentionnait que nous avons à nous dépouiller de beaucoup d’idoles petites et grandes que nous avons, et dans lesquelles nous nous réfugions, dans lesquelles nous cherchons et plaçons bien des fois notre sécurité. Ce sont des idoles que nous tenons souvent cachées ; elles peuvent être l’ambition, le carriérisme, le goût du succès, le fait de se mettre soi-même au centre, la tendance à dominer les autres, la prétention d’être les seuls maîtres de notre vie. Ce soir, je voudrais qu’une question résonne dans le cœur de chacun de nous et que nous y répondions avec sincérité : ai-je pensé, moi, à cette idole cachée que j’ai dans ma vie et qui m’empêche d’adorer le Seigneur ? Adorer, c’est se dépouiller de nos idoles mêmes les plus cachées, et choisir le Seigneur comme le centre, comme la voie royale de notre vie.
Que ce soit pour l'enfant, que ce soit pour le père, Jésus pose un geste salutaire, qui fait du bien. Cette scène de Marc soulève chez le croyant cette question à savoir si nous éprouvons la joie du salut, si nous expérimentons dans nos vies ce qu'est être sauvé par la foi en Jésus. Chacun d'entre nous sommes cette personne pour qui Jésus s'est jeté à l'eau pour nous sortir de nos possessions, pour nous libérer de nos tendances, de nos manières routinières de vivre la foi qui ferment l’horizon de l’action créative de Dieu (François, première audience).
À votre contemplation et cela est le point culminant de l'évangile de Marc que nous relirons ces prochaines semaines : celui qui met sa foi en la personne de Jésus, qui vit en état d'exode de lui-même, voit Jésus lui prendre la main, le sortir d'une vie malheureuse. Que chaque jour de ce temps ordinaire, Jésus nous envoie par son esprit un rayon de sa lumière, qu'il assouplisse ce qui est raide, guérisse ce qui est blessé. AMEN.
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