2025-C- Jeudi de la 28e semaine ORDINAIRE (litco28j.25)
Mt 25, 31-40 Marguerite d’Youville : un mode de vie.
Venez à moi. Et non pas venez à moi seulement vous qui avez été baptisé, confirmé, marié dans l’Église. Jésus dit : Venez à moi parce que vous vous êtes occupé de me nourrir, de me donner à boire, de me visiter, parce que vous avez entendu le cri des malheureux. Ceux et celles qui honorent Dieu, qui rencontrent Dieu sans le savoir, sont nombreux. Dieu, dit la lettre aux Hébreux, n’est pas injuste à ce point d’oublier ce que vous avez fait (He 6, 10).
Ce qui est raconté, ce qui est révélé dans cette page monumentale de l’Évangile, c’est un Jésus tout entier sous le visage des misérables, des souffrants. Ce Jésus qui est tout entier dans ce pain de l’autel et que nous vénérons est aussi tout entier dans ceux et celles qui sont en manque de joie, de paix, d’une maison, d’un minium juste. Ils sont aussi des « sacrements » visibles de Dieu. Voulez-vous donc honorer le corps de Jésus-Christ ? Ne le méprisez pas lorsqu’il est nu (saint Chrysostome).
Nous connaissons bien la question terrifiante entendue par Paul sur la route de Damas. Pourquoi me persécutes-tu ? La réponse de Jésus à qui es-tu est humainement inimaginable : je suis celui que tu persécutes (Aa 22, 7). Paul a compris que frapper quelqu’un, c’est frapper Jésus. Il devient créature nouvelle (2 Co 5, 17). Celui qui déclare aimer Dieu sans aimer son frère est un menteur (1 Jn 4, 20). Devant l’affirmation de Jésus qui affirme que c’est à moi que vous l’avez fait, Karl Rahner y voit une sorte de signe sacramentel que Dieu aime le monde. Ouf, j’en perds le souffle.
La grande sagesse du rabbin Jésus ne fut pas de se tenir debout derrière un lutrin dans les synagogues, mais de montrer, par son mode de vie, que tous les humains sont égaux, quelles que soient nos origines. Personne ne peut prétendre avoir une relation privilégiée avec Dieu simplement parce qu’il maîtrise un ensemble de connaissances religieuses, parce qu’il s’efforce de bien vivre sa foi. Jésus ne favorise personne. Il se dépense au service de tout le monde, bon ou mauvais, pur ou impur. C’est la pierre fondatrice de sa bonne nouvelle. C’est le reproche constant qu’il adressait aux rabbins. La connaissance théorique de Dieu ou de la loi ne suffit pas. Il faut le voir dans le très bas (Christian Bobin).
Dans une homélie, le défunt pape François affirmait qu’un non-croyant qui fait du bien est meilleur qu’un croyant qui ne fait rien pour les autres. Venez à moi vous qui m’avez fait du bien. Quand je vois, dit-il, des chrétiens qui ne savent pas se salir les mains, je leur dit qu’ils sont théistes, mais vous n’êtes pas chrétiens[1]. Le jugement dernier de Matthieu confirme cela.
Ce jugement dernier nous fait passer d’une foi théorique à une foi-expérience qui nous rapproche de l’agir de Jésus. Qui nous rapproche, dis-je, parce qu’agir comme Jésus exige une vie pascale que nous observons dans cette femme, née à Varennes, dont nous célébrons aujourd’hui la fête. Marguerite d’Youville choisit la vie et de faire vivre la vie au milieu des signes de mort, d’épreuves de toutes sortes. Imiter Jésus n’est pas de faire des miracles, de ressusciter des morts. C’est faire beaucoup mieux : c’est d’avoir une grande charité (saint Jean Chrysostome).
Cette femme parlait le seul langage évangélique connu au début de la foi en terre d’ici, le langage de prendre soin des autres, le langage de la charité. Elle fut reflet de la tendresse de Dieu, d’abord auprès de son mari jusqu’à sa mort malgré sa réputation de trafiquant de l’eau-de-vie puis en répondant avec courage et confiance à toutes les détresses et besoins autour d’elle.
L’amour de Marguerite pour Jésus et son amour pour le pauvre sont un seul et même amour. C’est Jésus souffrant qu’elle prie, adore et touche quand elle touche le pauvre. Elle mena une vie mystique du service.
Je termine en reprenant l’antienne d’ouverture : célébrons dans la joie la fête de sainte Marguerite d’Youville, car le Seigneur l’a aimée et choisie pour manifester à tous, et surtout aux démunis, la tendresse de son amour. Amen.
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