2025-C- jeudi de la 20e semaine ORDINAIRE (LITCO20J.25)
Mt 22, 1-14- tu nous a jugé dignes de te servir.
Prenons conscience en entendant ce roi qui souhaite pouvoir célébrer son mariage dans une salle d’invités bien remplie qu’il s’agit de chacun de nous. Du je ne suis pas digne, l’invitation nous rend dignes. L’appel de Jésus à rassembler autour de lui l’humanité passe par chacun de nous, par des humains, des croyants qui ne sont ni des dieux, ni des anges, mais de fragiles êtres humains.
Sur la route de Damas, c’est à un Ananie, peu enthousiaste de lire que Paul a toutes les lettres nécessaires pour anéantir les croyants en cette nouvelle secte que sont les chrétiens que Dieu confie le mandat de lui im-poser les mains. Jésus fait le choix de passer par Ananie pour se faire connaître à Paul. Il fait le choix de passer par nous pour réaliser son rêve de voir sa table de noces remplie d’invités.
L’invitation aux noces de Dieu avec l’humanité ne se fait pas par des voix venues du ciel, par des êtres désin-carnés, mais par des témoins, d’hommes et de femmes, avec des qualités et des maladresses, des réussites et des échecs. Cela dit l’immensité de la confiance que Dieu nous porte. Nous valons tellement aux yeux de Dieu que tous nos cheveux sont comptés (Mt 10, 30). Même si nous ne possédons pas un titre, un diplôme, une chaire pour enseigner, nous sommes précieux aux yeux de Dieu. Je suis bouleversé chaque fois quand dans une prière eucharistique, je dis : nous te rendons grâce, car tu nous as jugé dignes de te servir.
Le baptême nous fait christophore, porteur du Christ, disaient les pères de l’Église naissante. Nous avons vo-cation d’être présence réelle de Dieu, d’être une présence de sa présence, dirait Maurice Zundel. Cette tâche, ce service que Dieu nous demande est irremplaçable. Personne ne peut l’assumer à notre place. C’est notre responsabilité de chrétiens.
Invraisemblables, mais vrais, nous sommes l’image visible du Dieu invisible. Nous sommes (l’église) l’épouse qui rend visible le visage de l’Époux. C’est par nous que Jésus est parmi nous tous les jours jusqu'à la fin du monde (Mt 28, 20). Celui qui a rencontré Jésus comme la Samaritaine au puits de Jacob ne peut pas le garder pour soi. Celui qui goûte la présence de Jésus à l’intérieur de lui ressent une force qui le pousse dehors vers les autres.
Pour annoncer son royaume, Jésus nous demande d’aller à la rencontre des autres. De sortir de nos sécurités, de nos nonchalances, de nos aisances. Ce n’est pas en prenant nos aises, en vivant en chrétien ramolli qu’on invite les gens à s’attabler autour de Jésus. Il n’y a pas d’échappatoires possibles. Il faut sortir d’une vie séden-taire pour faire vie nouvelle (Angèle Merici). Dans la parabole du jugement dernier, Jésus précise cela quand il déclara que lorsque vous avez nourri, visité, aidé, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25). Sortir, mais la tenta-tion de rester bien tranquille, de se replier sur soi nous colle à la peau.
Visages de Dieu, chacun de nous faisons connaître l’invitation aux noces. Nous connaîtrons des échecs, l’épuisement. Jésus a connu cette trajectoire. Il a passé son temps à se relever, à reprendre la route. Ses échecs ne le conduisent pas à se replier sur lui-même, à se retirer, se demander à quoi ça sert de s’investir autant pour n’obtenir que refus. Ce roi ne s’est pas attardé à déplorer l’échec de son invitation. Il s’est em-pressé à reprendre la route pour inviter des « non-invitables ». Il fut l’âme du monde chemin (épitre à Dio-gnète).
La grande nouveauté de l’évangile est de nous faire l’âme du monde. Il nous fait « présence réelle » de sa présence. Cela se voit dans cette femme Francesca Albanese, experte des droits humains pour l'ONU . Parce qu'elle a déclaré l'horreur à Gaza, elle se heurte aux attaques des Trump de ce monde. Sa voix fait résonner l’existence des vulnérables en attente d’une place à la table fraternelle.
Jésus a besoin de nous, de notre petite voix, de notre frêle voix pour inviter tout le monde à participer à la grande fête de la fraternité.
Ajouter un commentaire