2025-C- : samedi après l’Épiphanie
Jn 3, 22-30 repenser nos convictions.
Devant cette grande manifestation, épiphanie de Dieu dans l’histoire, les regards du passé abondent. Ils semblent s’évaporer très vite de nos mémoires. Nos mots, nos pensées ne sont que des balbutiements sur ce grand événement, cet unique événement dans notre histoire.
Je le ressens tous les jours, nos mots, notre langage sur Dieu, ne rejoignent plus le cœur des gens. Dernièrement je recevais un texto qui m’a ébranlé, m’a beaucoup questionné. Je ne connais pas ton Évangile, mais ce que tu écris je le vis tous les jours. Il vit tous les jours quelque chose qui fait sens en lui : aider.
En écoutant l’évangile tantôt, j’éprouve le même choc qu’en lisant ce texto. Jésus invite les siens à repenser leur pensée. Il est venu dire du bien de nous et non du mal[1]. Il détectait que les siens avaient une pensée rétrécie, une mentalité de musée fermée[2]. Son attitude d’ouverture a surpris les siens. Avec lui les barrières tombent. Même si nous ne sommes pas avec lui, sa confiance en la capacité de toute personne à Le faire connaître étonne. Quand on ne confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon[3].
Songeons au païen Balaam et à ses paroles qui ont dû consterner les tenants de la religion de l’époque : oracle de l’homme au regard pénétrant, oracle de celui qui entend les paroles de Dieu. Il voit ce que le Puissant lui fait voir, il tombe en extase, et ses yeux s’ouvrent (Nb 24,4). Songeons aux Mages. Paul écrit que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile (Ep.3,6). Les premiers avertis de la naissance de Jésus furent des sans-abris, des va-nu-pieds, des bergers, des Mages païens, des pauvres. Ce n’est qu’à douze ans dans le temple que Jésus s’est fait voir aux détenteurs du pouvoir.
Plus nous méditons l’Évangile, plus nous pratiquons la lectio divina, plus notre surprise est grande devant son ouverture d’esprit. Son attitude n’atteste que rien ni aucune religion, ni aucune autre façon de vivre sa foi, ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Jésus ouvre sans cesse nos regards fermés, nos regards protectionnistes. Sa confiance est illimitée. Le Seigneur est si bon pour moi …qu’il me fait désirer ce qu’IL voudrait nous donner (Ms C 31). Il faut changer notre compréhension du Dieu de notre foi. Dieu a soif de qui a soif de lui. Aimerions-nous un Dieu qui contrôlerait tout? Qui nous contrôlerait ?
Je suis toujours étonné de la manière dont Jésus s’y prend pour nous annoncer la bonne nouvelle. Il s’est incarné. Il se fait l’un de nous. C’est révolutionnaire. Il n’a utilisé aucune technique, prôné aucune expertise. Il s’est fait l’un de nous. Il n’a pas eu peur de se salir les mains. Il prend sur lui notre misère. Il prend notre chair. Il a visité et continue de visiter toutes les crèches du monde.
En devenant l’un de nous, humain comme nous, en menant une vie humaine comme la nôtre avec ses moments de cafards et d’exactement, par sa proximité avec tout le monde, en écoutant toute sorte de monde, en apprenant à connaître tout le monde sans les sermonner, Jésus nous donne une dignité extraordinaire. Comment Jésus aurait-il pu dire suis-moi s’il n’avait pas été humain comme chacun de nous ?
Cette proximité avec nous, cette intensité de vie avec nous n’est possible que parce que Jésus vit de cette même proximité avec son Père. Il a pris notre condition humaine pour que nous devenions éternels (préface). Un film récent nous offre un conte de Noël avec des mots hilarants : il était une fois… la plus précieuse des marchandises.
Je vous laisse en terminant ces mots de Desmond Tutu, prononcés à Bruxelles en juin 2006 : Je remercie profondément Dieu d’avoir créé le Dalaï-Lama. Pensez-vous sérieusement, comme certains l’ont dit, que Dieu se dit : d’accord, ce gars, le Dalaï-Lama, il n’est pas mal. Quel dommage qu’il ne soit pas chrétien » ! Je ne crois pas que ce soit le cas, parce que, vous savez, Dieu n’est pas chrétien. Amen.
[1] https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2024/december/documents/20241221-curia-romana.html
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