2025-C- jeudi de la 7e semaine de PÂQUES (litcp07s.25)
Jn 17, 20-26 : unis dans la diversité.
Je tire comme point fort de cette prière dite sacerdotale de Jésus un appel à la fraternité, un appel à cultiver entre nous des liens qui valorisent chacun d’entre nous. Un appel à demeurer unit dans la diversité. Jésus prie pour que nous établissions entre nous des liens humains forts, résistants aux assauts de l’individualisme ou du chacun pour soi. Que tous soient un. Le devise du pape Léon X1V dans le Christ, nous sommes un, est-elle utopie ou véritable projet de société ? Utopie ou véritable projet de foi ?
Se cache sous cet appel un mouvement de synodalité, une Église en mode synodale que Léon X1V a résumé dans la formule de saint augustin avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque. Je viens à vous, dit-il lors de son homélie inaugurale comme un frère qui veut se faire le serviteur de votre foi et de votre joie, en marchant avec vous sur le chemin de l’amour de Dieu, qui veut que nous soyons tous unis en une seule famille. Il ne s’agit jamais d’emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir, mais il s’agit toujours et uniquement d’aimer comme Jésus l’a fait[1].
Regardons en nous et autour de nous : malgré nos résolutions et notre bonne volonté, force est de voir que nous avons souvent du mal à vivre de bonnes ententes. Nous voulons tellement que les autres pensent comme nous. La lecture des Actes mentionnait tantôt qu’existait une grande division entre croyants pharisiens et sadducéens. Aujourd’hui que de tensions entre les tenants d’une foi dogmatique et ceux qui s’identifient comme chrétiens libéraux, plus centrés sur comment bien vivre le saint évangile (François d’Assise).
Cette prière de Jésus n’est pas facile. Déjà du vivant de Jésus, les disciples se demandaient qui était le plus grand. Paul et Pierre avaient des points de vue différents sur l’attitude à prendre à l’égard des non-juifs. Il a leur a fallu s’écouter, discuter et harmoniser les sensibilités.
À la racine des problèmes actuels se trouve une incapacité à s’écouter, à vivre d’une imprenable joie de la fraternité. Pas facile de voir le monde à partir de la prière sacerdotale de Jésus. La tentation est grande de réduire cet appel de Jésus aux seuls croyants. Le tous de Jésus a aussi une portée sociale. Les premiers mots de Léon X1V, la paix soit avec vous, résonnent comme un appel à tous à bien vivre entre nous.
Jésus prie pour que nous vivions entre nous de cette même intensité fraternelle qui l’unit à son Père et son Père à lui. Comme Lui et son Père sont un (Jn 17,21). Cette prière de Jésus est extraordinaire. Elle définit la mission de l’Église, mais aussi de toute l’humanité. Et cela commence par l’unité entre nous, ici et maintenant. Il ne s’agit ni d’une fusion ou absorption où l’un disparait dans l’autre. Il s’agit d’une communion. C’est un fait, spontanément nous n’aimons pas la différence. Elle nous dérange. La question à se poser : comment éviter qu’il y en ait un qui absorbe l’autre ? Comment se respecter et s’accepter dans nos différences ?
Cette prière de Jésus n’est pas juste une belle théorie. Mère Teresa exprimait souvent à ses compagnes que l’amour commence à la maison ! Le tous soient un commence entre nous, dans nos familles, entre voisins et amis. La tentation est grande de faire reposer cette unité sur les chefs religieux. Nous sommes tous des « acteurs » de cette unité.
Appel impossible, non. Difficile, oui. La communion, comme l’harmonie, est le fruit d’un travail long, exigeant, persévérant. Notre symphonie, c’est l’Évangile. Jésus en est à la fois le compositeur et le chef d’orchestre. Chacun joue sa propre partition, se tient à la place qui lui est propre. La qualité de l’ensemble ne dépend pas seulement des efforts de chacun, mais surtout de l’amour de tous pour la musique évangélique, de la volonté de tous de suivre le chef d’orchestre, avec pour but commun la beauté de la symphonie. Ce qui nous unit est plus important que ce qui nous sépare. Vivons en profondeur, dépassons le stade des agacements, des réactions épidermiques, descendons au niveau de notre volonté, vivons comme peuple la symphonie de l’évangile.
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