Année C : samedi de la 2ière semaine AVENT (litca02s.24)
Mt 17, 10-13 : pareil et différent.
C’est dans la fragilité, dans les épreuves et la vulnérabilité que se manifeste l’espérance. Les textes entendus nous présentent deux visages à la vie non facile. Ce qu’ils ont en commun, c’est leur vulnérabilité. Ce que nous avons en commun autant avec Élie, Jésus, Jean-Baptiste, Jean de la Croix, c’est notre vulnérabilité. C’est le ressort le plus puissant jamais inventé pour passer au travers des crises inhérentes à toute vie.
Élie n’a pas eu la vie facile. Sa vie oscille entre force et vulnérabilité (1 Roi 17-19). Fuyard devant la reine Jézabel, suppliant une galette devant la veuve de Sarepta qui lui apprend à mourir dans la dignité, éprouvant une sorte de dépression mortelle, il crie reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères (1 R 19, 4). Au cœur de sa dépression, de son découragement, une voix entendue dans le fin silence retentit, lève-toi, marche (1 R 19,5). La route à parcourir est longue (1 R 19,7). Dans la vie, dit un proverbe, fais comme le palmier : il reçoit des pierres, il rend des dattes.
Jésus n’a pas eu la vie facile. Chacune de ses sorties fut marquée par la violence de ses opposants, par les pièges qu’on lui tendait. Sur la Croix, il a crié son désespoir : Père, reprends ma vie. Pourquoi m’as-tu abandonné ? On a essayé d’enterrer Jésus, on a oublié qu’il n’était qu’une graine, dit un proverbe mexicain.
Jean-Baptiste de sa prison broyait du noir. Alors qu’il s’interrogeait sur l’identité de Jésus, il s’entend dire : allez raconter que les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent. La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres (Lc 7, 22-23).
Jean de la Croix n’a pas eu la vie facile. Sa vision de retour aux sources fut vivement rejetée. C’est dans l’abandon le plus total qu’il écrit les plus belles pages de sa Montée du Mont Carmel. Pour chacun de nous, la vie n'est pas toujours facile et l'on a parfois, avec plus ou moins d'intensité, du « mal à vivre ».
Élie, Jésus, Jean-Baptiste, Jean de la Croix ont traversé l’épreuve du burnout et du découragement en rencontrant Dieu qui ne laisse jamais tomber. Ils se sont relevés. Décomposé par la souffrance, Élie a trouvé la fraicheur de se remettre en chemin. Abattu par sa déception sur ce qu’il entendait dire sur Jésus, Jean-Baptiste s’est mis à chercher la vérité sur l’Agneau de Dieu. Épuisé par des chemins tortueux, Jésus les surmontait en devenant l’homme pour les autres. C’est en perdant de vue Jésus que sur la mer agitée Pierre commença à s’enfoncer.
Alors que grondes tempêtes et destructions, il faut avoir des yeux pointus, des yeux capables de “lire au-dedans” des événements de l’histoire, pour découvrir que, même dans les angoisses de notre cœur et de notre temps, brille une espérance inébranlable[1].
Se lever et marcher pour annoncer non quelque chose de blafard qui n’attire ni n’enflamme le cœur de personne (François évêques Mozambique (5/9/19), mais la proximité de Dieu avec les exclus ; pour aider comme Marie sa lointaine cousine enceinte ; pour sortir notre foi d’un immobilisme paralysant et voir le soleil se lever à l’horizon. Se lever est un verbe pascal.
Question : pour aller où ? Élie indique un endroit : dans les enfers du monde, dans les baraques du monde pour déjeuner avec ceux qui n’ont plus rien à manger, pour écouter les ultrasons des pauvres, des simples, des petits. Ce fut aussi l’endroit préféré de Jésus.
Nous, croyants, avons à aider chacun à traverser le tunnel, les yeux tournés vers la lumière. L’auteur McCarthy écrit que la lumière est tout autour de toi, mais tu ne vois que l’ombre. Et l’ombre est la tienne. C’est toi qui l'as créée. Dans sa lettre sur la fraternité (# 9-55), le pape écrit que plus s’épaississent les ombres d’un monde fermé, allumons des lumières de justice et de solidarité. AMEN.
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