2024-C- Dimanche de la 3e semaine AVENT(litca03d.24)
Lc 3, 10-18 : une option non optionnelle
Pousse des cris de joie... Réjouis-toi (So 3, 14). Pourquoi nous réjouir ? Le Seigneur est proche (Ph 4, 5). Que nous faut-il donc faire pour être dans la joie ? La réponse de Jean-Baptiste est déroutante. Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même. N’écrasez personne, n’accusez personne, ne dominez personne, soyez simplement à votre place. En d’autres mots, Jean-Baptiste demande à ses disciples de prendre la porte de la charité. C’est plus que de faire du bien. C’est plus qu’une aide humanitaire.
Plus tard Jésus dira j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, malade, et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir (Mt 25, 35-36). Ce chemin de nourrir, d’abreuver, de visiter, se soulager, l’évangile entendu en parle comme une conversion. C’est une option non optionnelle.
Se convertir, c’est changer de direction de marche, d’entreprendre la voie de la justice, de la solidarité, de la sobriété. C’est vivre de manière raisonnable, avec justice et piété (Tt 2, 12), d’empathie, de compassion, de bonté que nous puisons chaque jour au puits de la prière. Ce sont des valeurs profondément humaines et authentiquement chrétiennes. Bien souvent, avant de venir en aide aux autres, nous nous demandons s'ils méritent bien qu'on s'occupe d'eux.
C’est frauduleux si nous prenons un autre chemin. Frauduleux de prêcher ce chemin sans le prendre. Frauduleux d’aller à la messe puis refuser de porter attention à quelqu’un qui nous est antipathique. Frauduleux d’avoir plus de science que de charité[1]. Il ne s’agit pas d’aller au bout du monde. Il s’agit d’être proche des autres, proche de nos proches, proche de ce que les gens vivent, de leur souffrance, angoisse, question. Il s’agit de faire route, de quitter notre zone de confort, d’aider, de marcher avec eux sur leur route.
Ce n’est pas le montant que je donne qui est important, mais la manière de donner (Lévinas) qui fait la différence. Donner par charité et non comme ce roi de l’évangile qui donne du pain à la veuve pour avoir la paix (Lc 18, 5). Je peux donner pour répondre à des urgences.
Question : que devons-nous faire pour garder le cap de la joie ? C’est de donner avec joie (2 Cor 9,6). Nous avons été éduqués à faire des sacrifices, mais peu à la joie qui est la saveur oubliée de l’Évangile. Elle est un fruit de l'Esprit qui donne de vivre dans la paix qui surpassent les échecs et les souffrances ? (Paul V1, Gaudete in Domino 1975). Dans la très lointaine antiquité, Épicure affirmait qu'une fois né, dépêche-toi de franchir au plutôt les portes de l'Éden.
Premier mot de la prière de l'Église à Laudes, venez crions de joie. Dernier mot aussi exultez de joie en Dieu, mon sauveur. Premier mot du commencement de la Bonne Nouvelle : je vous annonce une grande joie (Lc 2). Dernier mot testamentaire de Jésus Je prie pour que votre joie soit parfaite (Jn15, 15). Paul a érigé la joie en commandement : réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps. Je le répète, réjouissez-vous (Ph4, 4). Soyez dans la joie (Phil. 4,2). Etty Hillesum, déportée juive au camp de la mort, écrivait dans son journal intime qu'il lui reste au moins la joie en dépit du poids des choses, de ma souffrance, de tout.
Si nous remercions Dieu pour toutes les joies qu’Il nous donne, nous n’aurions plus de temps pour nous plaindre (Maître Eckhart). AMEN.
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