Année C : 1er dimanche AVENT (litca01d.24)
Lc 21, 25-28.34-36 : une noix à casser.
Nous venons d’entendre ce que sera le grand Noël de la fin des temps. Les Pères de l'Église disaient que la Parole de Dieu est comme une noix. Il faut casser la coquille pour savourer le fruit. Le fruit que nous présente cette description des horreurs si nous savons casser le langage apocalyptique a le goût de l’espérance qui ne déçoit pas (Rm 5,5) parce que fondée sur la Parole de Dieu.
Nous venons d’entendre non pas le récit de la naissance historique de Jésus, mais le récit de ce grand Noël de l’histoire. Dieu dira la préface, est déjà venu, il reviendra. Il vient chaque jour à notre rencontre pour nous demander la permission de demeurer en nous. Un écrivain-poète écrit : voici l'inattendu qui vient par effraction, briser les verrous de nos peurs, voici l’éternité qui s'en vient prendre corps et coeur dans l'épaisseur de nos vies[1].
Quand nous brisons l’épaisseur de la coquille de la noix, nous cessons de survivre, de faire du sur place, de vivoter, de tourner en rond. Nous passons nos journées à chercher mille petites choses sans découvrir des signes d’espérance comme puissance de vie qui nous fait vivre maintenant et non dans une éternité lointaine.
Ce qui pèse, ce qui est laid, ce qui est lourd, ce qui est sans vie, ce qui nous a fait tomber sur le chemin, ce qui nous a écrasés, voilà, dit l’apôtre Paul (1 Cor 1, 25) qui devient lieu pour rencontrer Dieu. C’est au moment où il faisait très sombre dans l’histoire que Jésus est né.
Question : quand les catastrophes assombrissent l’horizon, quand nous voyons le soleil s’obscurcir par les drones destructeurs, quand les nations détruisent d’autres nations, sommes-nous capables de nous redresser, de lever la tête jusqu’à casser l’épaisseur de la noix ? Est-ce que nous sombrons dans le découragement devant les horreurs de la guerre, de la famine ? Sommes-nous capables de briser la coquille de la noix pour y voir tous ces élans de solidarité, tous ces gestes d'amour, ces gestes de tendresse, ces gestes des bons samaritains que sont les ONG qui risquent leur vie pour soulager des victimes collatérales de la guerre que sont les femmes et les enfants ? Sommes-nous plus touchés, bouleversés par les élans de solidarité que par les horribles scènes de désolation ?
Le message est clair : quoi qu'il arrive dans le monde, dans les catastrophes, dans notre vie personnelle, dans les pires moments de détresse ou de peur, dans la maladie, dans le deuil ou l'abandon, ne soyez pas effrayé. Il y a des rayons de soleil que nous percevons peu ou pas. Nous devons malheureusement constater avec tristesse que, dans de nombreuses situations, cette vision fait défaut. La première conséquence est la perte du désir de transmettre la vie[2]. Comme signe d’un petit rayon de soleil, je pense à ce musulman qui au moment de la tragédie du Bataclan s’est interposé, a mis sa vie en danger pour éviter à une jeune fille de connaître une fin horrible.
Quatre figures, Isaïe, Jean-Baptiste, Joseph et Marie, ont relevé la tête alors qu’ils vivaient de grande tempête intérieure et extérieure. Ils seront nos guides pour nous indiquer comment porter attention à Celui qui est, était et qui vient et non qui sera, dit la finale de l’Apocalypse (22,20).
Notre plus grand défi comme chrétiens est de ne pas rester à la surface des choses, aux impressions, aux émotions, mais de casser la rude coquille de la noix pour goûter une présence, sa Présence qui nous habite déjà. Voici le temps favorable pour être des pèlerins d’espérance. L’espérance chrétienne voit l’ivraie, mais aussi la bonne graine qui est semée. Il ne s’agit pas de nier la réalité, mais de demeurer réceptif les yeux fixés sur Jésus à voir les petits bourgeons de lumière annonciateurs d’un germe de Justice (Jer 33,15). Amen.
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