Année B : Dimanche de la Trinité (2024)
Mt 28, 16-20 impossible possible
Allez de toutes les nations faites des disciples. Jésus ne nous envoie pas convertir, il nous envoie annoncer un « nouveau » Dieu, un Dieu qui a trois visages. Jésus est venu nous montrer son Père et notre Père non pas en faisant de beaux discours, non pas en faisant la liste des choses à croire, non pas en tenant les yeux vers le ciel, non pas en théorisant sur Dieu. Par sa vie autant que par ses paroles, Jésus a dépoussiéré l’image d’un Dieu archaïque qui apaise les courroux, d’un Dieu pantocrator tout puissant, extérieur à nous et juge implacable de nos comportements.
Comment ? en « rapetissant » Dieu. L’infini se rétracte, se fait petit. Tellement petit qu’on l’a appelé « insignifiant » (Stanley Hauerwas). Jésus s’est retiré de tout ce qui était exercice de pouvoir. Il n’était qu’un simple laïc, un homme bien ordinaire sans aucune prétention de monter plus haut. Il ne détenait aucune fonction religieuse.
Jésus a tellement vécu à la manière du Dieu de sa foi, différent du Dieu enseigné dans les synagogues, qu’il a humblement déclaré qui me voit, voit le Père. Jésus vit d’un « autre Dieu » que le Dieu qui axe tout sur la loi. Il a montré un Dieu qui « pratique » la bonté, la compassion, le pardon, la proximité avec tout le monde. Il a expérimenté le Père devant nos yeux. Ce Dieu-là est scandaleux pour les musulmans.
Nous sommes des envoyés pour annoncer ce Dieu « autre », non pas un savoir sur Dieu. Ce langage-là n’attire pas. Nous sommes des envoyés pour faire connaître une personne, Jésus, son histoire et son chemin. Attention, annoncer dans l’Évangile n’est pas se contenter de parler de Jésus, c’est devenir miroir, reflet, image de sa vie. Plus on devient miroir du Christ, plus on le rend présent au monde.
Dans le document pilier de son pontificat (EG #120), le pape François écrit : chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation, et il serait inadéquat de penser à un schéma d’évangélisation utilisé pour des acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement destiné à bénéficier de leurs actions.
Nous sommes des envoyés pour vivre comme Jésus, dépouillé de tout signe de puissance, de tout désir de justice vindicative, de croire comme Jésus. Paul dans la lettre écrite soixante ans après la mort de Jésus affirme que l’ Esprit fait de nous des fils qui crions vers le Père de sorte que nous sommes des héritiers de Dieu (Rm 8, 14-17). Nous sommes des envoyés pour vivre comme le Père, le Fils l’esprit de l’évangile qui se résume par un commandement nouveau que le grand humaniste Levinas décrit :tu te dois à autrui (Levinas). Jésus fut si parfaitement humain dont sa manière de vivre pour les autres que cela venait de Dieu (Joseph Moingt).
Nous sommes des envoyés pour prendre la relève de Jésus qui n’a pas prêché des dogmes ni un code moral. Notre baptême nous fait missionnaire d’une bonne nouvelle. Quand Jésus est important pour nous, on ne peut que désirer le faire connaître.
Prenons le temps de nous savoir fils de Dieu, de rendre grâce de savoir le connaître, et d’être des envoyés pour baptiser au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. L’avenir de la foi repose sur notre capacité de maintenir vivant en nous ce nom, de le faire connaître. Que cette mission est grande, sans mérite de notre part, d’être des envoyés pour transformer la face de la terre (préface)! Elle ne fait que commencer. AMEN.
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