Année B : samedi de la 16ième semaine ORDINAIRE 27 juillet complet
Mt 13, 24-30 : ministère de l’œil.
Si j’avais à résumer ce passage, je dirais qu’il s’agit de développer le ministère de l’œil. Même si nous savons que tout n’est pas blanc ou noir, notre premier regard est dualiste. Jésus parle souvent en images dualistes : Dieu ou Mammon; bon ou méchant; bon grain ou ivraie. Mais son regard surmonte vite ce dualisme en projetant sur ce qu’il perçoit un autre regard, celui du contemplatif de la profondeur, celui de voir l’invisible dans le visible. Un regard dualiste pollue nos vies. Nous pouvons même inconsciemment causer la mort d’un autre. Sa réputation.
L’urgence est de de sortir du principe ami-ennemi, de désintoxiquer nos rivalités, de débrutaliser nos regards. La réalité n’est pas si simple que cela. Caché dans l’ivraie germe le bon grain. En enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé. Nous avons besoin de voir la réalité en face et (le mot est important) de contempler ce que nous voyons. Peu importe ce qui vient en premier, l’action peut nous mener à la contemplation et la contemplation peut nous conduire à l’action.
C’est le naître à nouveau dont parle Jésus à Nicodème. Notre premier regard ne suffit pas. Cessons de regarder et commençons à voir (Thomas Merton). Teilhard de Chardin disait : rien ici-bas n’est profane pour ceux qui savent voir. Il n’y a pas de monde « naturel » où Dieu n’est pas.
Le croyant, tout chrétien reçoit comme mission le ministère de l’œil. Le Christ, dit Paul, m’a envoyé évangéliser. (1 Co,1,17). M’a envoyé voir autrement. L’épitre à Diognète faisait remarquer que le chrétien vivait comme tout le monde, mais voyait autrement. Il y a une façon de voir le beau qui inclut le noir. C’est l’amour en action.
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