Année B : dimanche de la 25e semaine ORDINAIRE (litbo25d.24)
Mc 9, 30-37- Le plus grand est…..
Le vrai problème de monde n’est pas la fragilité. Le vrai problème, c'est la soif d’être plus grand que les autres. La tendance, en nous tous, est de se mettre en avant. Nous vivons dans l’illusion que la première place est synonyme d’importance. Prenez garde de ne pas être tentés de vous-mêmes (Ga 6,1). Tous les jours, écrit Luther, il nous faut constater que chacun s’efforce de s’élever au-dessus de sa propre condition, il recherche une position honorifique, la puissance, la richesse, la domination.
Être le plus grand, le plus en vue, attirer les regards, vivre sur le modèle du batailleur : voilà ce qui accapare tant de conversations, d’ambitions, d’énergies, d’intrigues. Partout l’impératif de la performance ! Tout pousse à se mettre en avant, à tracer son chemin, entre la ruse et l'absence de scrupule, pour s'affirmer soi-même et défendre ses intérêts. Notre monde connait le mirage de la grandeur, le désir d’être plus grand qu’un autre, voire plus grand que Dieu.
Ce n’est pas mauvais de prendre sa place. Le problème, c’est de regarder les autres de haut. D’imposer aux autres son pouvoir. Jésus appelle au grand détachement, à se décentrer du seul souci de soi. Jésus ne fait pas l’apologie de l’impuissance. Est puissant celui qui parvient à surmonter la tentation de dominer les autres. Le plus grand est capable de se tenir en mode service.
Pour renverser cette tendance de se faire valoir, Jésus ne fait pas la morale à ses disciples. Il utilise sa personne. Plutôt que de demander à ses disciples d'être humbles, de servir, de choisir la dernière place, de donner leur vie en mourant pour les autres, Jésus se fait humble serviteur, esclave de tous, s'abaissant jusqu'à la mort et à la mort sur une croix (Ph 2. 5-8). Il se donne en exemple. Nous venons d’entendre la description de l’humilité de Dieu. S' abaisser est la parure de ce qui est divin. De ce qui est grand.
Pour solutionner une dispute entre ses disciples, une dispute universelle qui se voit et se vit tous les jours, pour montrer à ses disciples qui est le meilleur, le plus fort, le plus important, le plus riche ou le plus intelligent, Jésus se présente comme celui qui sert. Je suis au milieu de vous comme celui qui sert (Lc 22,27). Nous sommes impuissants à n’être qu’à notre place.
Par sa naissance, Jésus devient un signe de contradiction de toutes les valeurs du monde qui nous fascinent, nous séduisent, nous attirent. Là où le monde nous attire et nous pousse, là où il nous trompe en nous faisant croire que nous sommes les plus grands, Jésus refuse cette manière d’agir. Si nous voulons voir Jésus, regardons celui qui sert, qui lave les pieds, qui n’a rien où reposer la tête. Renversement radical de regard.
Nous arrêtons nos regards sur les miracles de Jésus qui ont attiré les foules. Jésus exprime à ses disciples que le plus grand n’est pas ce qui se voit. C’est dans la manière de vivre de quelqu’un que se voit sa grandeur. Jésus nous présente par sa vie un espace d’humanité. Celui qui sert est le plus grand. C’est en descendant qu’on grandit (saint Bernard). Ne rien préférer d’autre que cette manière de vivre.
Cette manière de vivre est trop grande, trop exigeante pour nos forces. Nous préférons une grandeur de surface, qui s'use vite. Jésus est venu nous diviniser, donner de la noblesse à nos vies. Nous sommes grands quand nous servons. Jésus est l’image de la grandeur de l’homme parfait, d’un homme divinisé.
D’où viennent les guerres, les conflits ? Vous êtes pleins de convoitises…vous êtes jaloux, pour arriver à vos fins, vous faites la guerre (Jc 4, 1). Conduisez-vous, dit Paul d'une manière digne de la vocation que vous avez reçue, en toute humilité, douceur et magnanimité, vous supportant les uns les autres dans l'amour, ayant à cœur de conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix (Ep 4,1-4). AMEN.
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