Année B- vendredi de la 5e semaine ORDINAIRE (litbo05.24)
Ce matin, en méditant ce passage, ne chosifions pas ce geste de Jésus. Ne le matérialisons pas non plus. Entrons dans la grande joie de Jésus de se donner dans ce mystère d’amour et de communion. Ce n’est pas un geste, permettez-moi de le dire ainsi, que le prêtre fabrique[2]. C’est l’Église qui fait l’eucharistie. Ce geste qui « incarne », fait entrer Jésus dans nos vies. Il continue l’incarnation[3]. En nourrissant une foule, Jésus rend chaque personne des incarnations de sa présence, j’ajoute, réelle, dans le pays de l’ombre et de la mort.
Pour signifier la beauté de ce geste, le pape François, dans la joie de l’évangile, utilise l’image du polyèdre où chaque élément conserve son importance et son originalité (EG # 236). Jésus exprime la convivialité des différences (21/06/2019) et atteste que tout le monde à une place qui lui est réservée et (qui est) essentielle (FT #190). Une compréhension « fermée » en défigure sa beauté.
Prenez-en tous. C’est la chaine alimentaire divine qui remonte au début de la création quand Dieu donne de la nourriture au premier couple humain (Gn 1, 29) et met à leur disposition l’arbre de vie (Gn 2, 9, 16)[4]. Jésus nourrit tout le monde, sans exclusion de personne, de leur couleur de peau, de leur origine, de leur degré de croyance. Voici que je fais toute chose nouvelle (Ap 21, 5) J’ai pitié de cette foule, car voilà déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi et ils n’ont pas de quoi manger. Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et il y en a qui sont venus de loin (Mt 15,32).
Aujourd’hui, nous nous disons « bonjour » « comment ça va ». Nous sommes assis sur le même banc dans le métro, respirons le même air. On est sur la même route, mais chacun pour son compte, ne s’occupant que de ses propres intérêts et laissant les autres “s’arranger” comme ils peuvent[5]. Nous sommes des individus l’un à côté de l’autre, nous ne sommes pas ensemble, ne marchons pas ensemble avec nos différences. Nous ne renonçons pas à nous ériger plus porteur de vérité que les autres.
Ce geste est si transformant qu’Éric-Emmanuel Schmitt qui a fait l’expérience de rencontrer Jésus en Terre sainte affirme parlant de l’eucharistie que la vie descendait dans mon corps et puis remontait dans mon esprit. Un miracle chaque fois. L’eucharistie me rend homme nouveau chaque fois. J’en suis surdosé chaque fois. AMEN.
[1] https://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_letters/documents/20220629-lettera-ap-desiderio-desideravi.html #5
[2] ibid # 36
[3] - ibid # 12
[4] - Revue du Parvis # 115, Rencontre avec Marcel Metzger.
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