Année B : 33e dimanche ORDINAIRE(litbo33e.24)
Mc 13, 23-32 : beaucoup de smog autour de nous.
Ce qui résonne en moi à la lecture des textes d’aujourd’hui c’est qu’une vie sans but est une vie sans avenir. Que de gens se demandent ce qu’ils font sur la terre ! C’est une question excitante ou effrayante. Nous aspirons à plus qu’au bonheur. Le bien-être ne suffit pas. Il y a autant de suicide chez les gens riche que pauvre. Les gens soupçonnent qu’il y a autre chose derrière la vie, qu’il y a une vie derrière la vie même si cet autre chose n’est pas clairement perçue.
Une évidence crève les yeux. Alors que nous vivons un déclin de l’institution religieuse (chrétienne ou autre), apparaît une grande soif de vie spirituelle. Une grande soif de sens. Une vie terre-à-terre résonne comme une vie diminuée (Moltmann), comme vide d’espérance. Nous avons besoin d’un supplément de vie, de vitamines. Une vie sans horizon est une vie où la mort a le dernier mot.
Pour nous chrétiens, ce supplément de vie se nomme l’espérance qui ne déçoit pas (Rm 5, 5). Il ne s’agit pas de fuir, de s’évader de l’opacité, de s’habiller d’un vêtement de résignation. Il s’agit de nous connecter au divin qui est en nous. Nous ne vivons pas simplement une vie terrestre, ni seulement une vie humaine. Nous vivons simultanément une vie remplie par Dieu, une vie dans l’abondance (Jn 10. 10).
Le croyant a la capacité de voir au milieu des obscurités des étincelles de lumière. L’évangile de ce matin, la Parole de Dieu de ce matin, n’est pas un discours sur la fin du monde, mais une invitation à bien vivre le présent, à être vigilant et toujours prêt pour le moment où nous serons appelés à rendre compte de nos vies[1]. L’évangile nous permet de voir briller de la lumière au milieu de l’intensité du smog. Nous venons d’écouter non un récit apocalyptique sur la fin du monde, mais la naissance d’un monde nouveau.
Ce que l’évangile et la lecture viennent de nous dire est quelque chose de très simple. Les nuages passent et le ciel reste. L’obscurité du monde n’est qu’une ombre passagère. Si nous pouvions voir que dans toute obscurité se cachent des rayons de lumière, nos vies seraient un joug léger. Un philosophe de l’antiquité Origène écrivait : donne de la lumière à ton regard et l’obscurité disparaîtra d’elle-même.
La vraie question à se poser ce matin, à quoi portons-nous attention ? À la violence des attentats que nous vivons chaque jour, aux tragédies environnementales, aux guerres et aux rumeurs de guerre qu’évoque l’évangile, quand vous entendrez le bruit des guerres, ne vous effrayez pas, il faut que cela arrive (Mc 13, 7) ou sommes-nous attentifs à découvrir que sous l’épaisseur de la cendre courre un incendie qui risque de devenir incontrôlable ?
Les temps obscurs que nous traversons ne doivent pas nous empêcher de voir des rayons de beauté, des graines de sénevé jetées en terre, des piécettes de générosité. Ils nous invitent à porter un regard moins artificiel, mais plus en profondeur. Sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Quelqu’un marche avec nous. Il est le chemin, notre porte. Il donne la vue aux aveugles.
Changer de regard n’est pas facile. Chaque semaine, après la consécration du pain et du vin, vous répondez : nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. Nous proclamons que notre foi nous tient debout quoiqu’il arrive. Cela s’appelle la résilience. AMEN
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