Année B : dimanche de la 32e semaine ORDINAIRE (LITBO32D.24)
Mc 12,38-44. Obole de la veuve
Le regard de Jésus et les mots qu’il prononce, elle a tout mis ce qu’elle possédait parlent de quelque chose de neuf et de surprenant. Jésus crée un nouveau rapport avec le don. Il unifie ce geste avec celui qu’il est : un don du Père. Son émerveillement devant ce geste anodin de la veuve est une révélation de ce qui est Jésus pour nous. Il nous a tout donné, même sa vie.
La veuve ne s’attendait pas à recevoir des éloges des responsables du temple. Bien au contraire, elle soupçonnait que ceux qui portaient des vêtements spontueux, qui cherchaient les sièges d’honneur et les premières places, qui se promenaient dans la rue pour être vus et admirés de tout le monde et qui sans pudeur se faisaient remarquer par de longues prières, n’allaient pas la remercier pour ces deux piécettes. Que faire, se disaient-ils avec seulement deux piécettes ? À l’époque de Jésus, ce que les gens versaient dans le tronc servait directement au bien-être des responsables du temple.
Elle a tout mis. Parole surprenante parce que Jésus renverse des croyances millénaires : nous voyons notre vie de foi comme une forme de réciprocité, une sorte de contrat. Nous avons tous été éduqués à faire des choses pour Dieu si nous voulons obtenir ses faveurs, si nous voulons qu’il nous porte attention. Plus je donne à Dieu, plus je reçois de lui. Plus je prie, plus j’ai des chances qu’il m’écoute.
Les évangélistes ne nous présentent pas une histoire sainte à raconter, mais une parole chargée d’humanité et révélatrice d’un autre visage de Dieu que du donnant-donnant. Songeons à Zachée à qui Jésus a dit il faut que j’aille chez toi. Il n’a pas mérité cela, lui voleur de haut de gamme. Songeons à la samaritaine qui venait chercher de l’eau à qui Jésus lui dit qu’Il est l’eau vive. Elle n’a pas mérité cela, elle qui avait sept maris. Et cette veuve ne méritait certainement pas l’attention de Jésus avec ces deux piécettes.
Que comprendre devant l’admiration d'un geste si inutile pour les responsables du temple ? Jésus renverse une fausse croyance. On ne donne pas, on ne pratique pas la religion pour recevoir quelque chose de plus, pour nous mériter que Dieu nous écoute.
Ce n’est pas le combien longtemps je prie, combien généreux je suis, combien de sacrifices je fais qui attire l’attention de Jésus, mais c’est le comment qui est important. C’est une question de cœur. La veuve a tout donné. Elle donne ce qu’elle possède, sa vie. Elle donne ce qu’elle est, une femme pleine de bonté, pleine de générosité malgré sa situation d’extrême pauvreté. Son attitude intérieure émerveille Jésus. Elle donne sans aucun désir de recevoir. Pour parler le langage des jeunes, le geste de la veuve était parfaitement « gratis ». Dans ces deux petites piécettes se cache la profondeur de son amour, de son altruisme.
Le message à retenir : Aucune vie n’est petite. Aucun geste n’est inutile. Ce n’est pas sur le combien gros nous donnons ni combien souvent nous aidons, sa valeur se trouve cachée dans l’effacement des coeurs. C’est en s’effaçant que Jésus est puissant. Ce ne sont pas les choses données, mais le geste du don qui nous fait vivre. On a toujours quelque chose à donner qui peut sembler dérisoire : une poignée de farine, deux petits sous, un verre d’eau.
On a toujours quelque chose à partager : un petit peu de temps, un petit peu d’énergie que nous avons, un petit sourire, un petit bonjour, un petit merci, une porte à ouvrir, un verre d’eau, un malade à visiter. Nos petits riens nous font des donateurs prodigues. Donnez en cadeau ce que vous avez à l’intérieur de vous et alors tout deviendra bon pour vous et vous recevrez au centuple et vous trouverez le bonheur, ainsi que le chemin vers votre accomplissement humain et votre salut (Lc 11,41).
Je vous offre, c’est « gratis » une table qui vous fait voir comment humain est Jésus. Il connait notre faim et il se donne à manger. AMEN.
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