Année B : dimanche de la 28e semaine ORDINAIRE (litbo28d.24)
Mc 10, 17-27- avoir moins, c’est avoir plus.
Dans le Livre des Actes (4.32-34), Luc décrit un élan de partage dans la première église. La multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était commun entre eux… Il n’y avait parmi eux aucun indigent. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ! (Mt 19,24)
Que dois-je faire demande l’homme ? Jésus lui propose d’aimer les autres. Il lui indique que la meilleure chose qu’il puisse faire pour être heureux, c’est de vivre ensemble d’un seul cœur et d’une seule âme. Il lui demande de renaître à une vie dépossédée de tout. De passer par la porte étroite du détachement, de la dépossession. Il lui suggère de changer de mentalité, de cesser de voir les autres en fonction de ses propres intérêts, de passer de l’observance de la loi, d’une vie de maquillage, à oser mener une vie plus fraternelle et solidaire. Cela s’appelle renaître. Mais ce n’est pas facile pour l’homme respectant la loi que Jésus aimait parce que cela signifiait de porter une lourde croix, celle de détachement. Il avait de grands biens.
Jésus est radical. Il offre un nouvel horizon à son interlocuteur. Les biens ont la capacité de séduire, mais ils nous font perdre l’horizon, la sagesse d’aider les autres. Si dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être pieux et accomplir mes devoirs religieux, alors ma relation avec Dieu se dessèche (Benoît XV1, Dieu est amour #18).
Ceux qui vivent attachés à leur propre pouvoir, à leur propre richesse, se croient au paradis. Ils sont fermés, ils n’ont pas d'horizon, ils n’ont pas d’espérance (Pape François). Vivre attaché à ses biens, c’est perdre l’horizon d’aider les autres. Pas facile de préférer la sagesse aux trônes et aux sceptres dont parle la lecture. Tout l’or du monde n’est qu’un peu de sable. L’agent sera regardé comme de la boue.
Dans l’esprit de l’Évangile, celui qui réussit le mieux n’est pas, comme on le pense parfois, celui qui parvient à accumuler le plus d’argent, mais celui qui sait mieux vivre ensemble et de manière plus fraternelle. Lorsque nous renonçons à la fraternité, à mettre en commun, lorsque nous nous enfermons dans nos avoirs et intérêts, notre vie est un échec humain. Il y a quelque chose de très clair dans l’Évangile. La vie ne nous a pas été donnée pour accumuler de l’argent, pour réussir ou pour atteindre un bien-être personnel, mais pour bâtir des ponts, des liens entre croyants, entre nation. La publicité nous séduit, nous fait croire que posséder plus c’est être plus heureux. C’est un mythe dangereux.
Je fais l’expérience de cette page chaque fois que j’apporte un peu d’aide aux autres. Si je ne parviens pas à donner quelque chose, c’est parce que cela me possède et que j’en suis esclave. Renoncer à avoir plus de choses souvent inutiles me rend heureux.
La vie éternelle commence dès maintenant quand nous quittons la logique de l’avoir pour passer à la logique de vivre en nous occupant aussi des autres. Le bonheur ne repose pas sur ce que nous possédons. Le bonheur et le malheur sont à l'intérieur de nous. Un sage dit : la richesse n'est pas un mal en soi. Ce qui compte c'est l'attitude intérieure que chacun a vis-à-vis de l'argent. Un homme riche peut être heureux et véritablement détaché à l'égard des biens...et un homme pauvre très bien attaché aux faibles biens qu'il possède et dans la convoitise permanente (Frédéric Lenoir, l'âme du monde, Nil 2012, p.73)
Question : est-ce que pour moi moins c’est plus ? Est-ce que moins avoir, c’est avoir plus ?
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