Année B : samedi de la 2e semaine CARÊME (litbc02s.24)
Lc 15, 1-3.11-32 : surprise de Dieu.
Aimer, c’est avoir en réserve pour l’autre de bonnes surprises. Il me semble que cela résume cette parabole de Luc qui nous fait dépasser le trop bien connu Dieu (Joseph Moingt). Jésus nous dévoile le Dieu de sa foi, le Dieu qu’il rencontre dans ses moments de prière. C’est un Dieu surprenant. Étonnant. Un Dieu bon thérapeute des cœurs blessés. Jésus scandalise ses contemporains quand il dénomme ce Dieu comme son Père.
Cette parabole inaugure un mouvement vers un nouveau Dieu qui n’en finit pas d’apparaître sous différents mots, différents visages, différentes images tant tout ce que nous en disons de lui ne semble jamais être satisfaisant. Personne n’a le dernier mot sur Dieu. Personne ne peut l’enfermer dans des mots souvent d’une autre époque.
Pour répondre à ses accusateurs qui lui reprochent ses comportements déraisonnables, Jésus leur parle avec une image saisissante, inépuisable, celle d’un homme qui avait deux fils.
Première surprise, le scénario entrevu par le fils repentant ouvre sur un autre scénario imprévisible, celui de voir s’agenouiller devant lui son père, qui pleure de joie. Le père refuse le scénario longuement réfléchi de son fils. J’irai vers mon Père et je lui demanderai pardon. Il ne lui laisse même pas le temps de confesser sa honte pour son comportement. Pourtant, c’est bien ainsi que débutent nos célébrations. Reconnaissons que nous sommes pécheurs.
Renversement, il le couvre de baisers, l’entoure de ses bras, lui offre une fête, un festin, le vêtement le plus beau et une bague au doigt ! L’Amour du Seigneur n’est pas épuisé, chaque main sa compassion se renouvelle (Antienne de Laudes, lundi 2e semaine).
Qui est ce père, pour accueillir ainsi ce fils qui revient vers lui ? Il est ce Dieu fou d’affection et de tendresse et précise souvent le pape François pour tout, tout, tout le monde.
Deuxième surprise. Tellement déroutante cette attitude du père que le fils ainé ne reconnait pas son père. Lui qui est resté bien sage et qui, à l’inverse de son frère, a fait tout ce qu’il fallait pour plaire à son père, perçoit qu’il perd un peu beaucoup la tête. Qu’il perd même la mémoire. Avec véhémence, il lui reproche son attitude et son accueil déplacés. Il se mit en colère et refuse d’entrer.
Dans un admirable tableau, Rembrandt livre à notre méditation ce beau geste du Père posant les deux mains sur les épaules de son fils perdu et retrouvé. Il faut longuement regarder ce geste d’un père qui refuse d’être blessé par le comportement de son fils et qui remet en question l’image qui circule actuellement sur Dieu.
Dans une catéchèse, le pape disait que le Dieu que nous prêchons, souvent par inertie, n’est pas un Dieu qui surprend. Il ne suscite pas l’étonnement. Il ne réveille plus personne. C’est le Dieu qui git dans le catéchisme. Être croyant, ce n’est pas décliner notre savoir sur Dieu, ce n’est pas détenir une connaissance réservée à des spécialistes ou responsables des églises, c’est se laisser surprendre chaque jour. Le propre de Dieu, que nul n’a vu ni ne peut voir, est d’avoir en réserve, pour nous, de bonnes surprises. Ainsi, il est amour (pape François).
Dans son livre éclats d’humanité, le théologien José Arregi parle de cette parabole comme une transition théologique de Dieu. Non plus un Dieu d’en haut, distant, mais un Dieu dont l’humanisme fait voir toute sa proximité avec les cœurs blessés. Nous passons d’un Dieu dominateur à un Dieu libérateur, à un Dieu, dans tout le sens du mot, sauveur de l’humain. Il ajoute que c’est pour cela qu’il a été condamné.
À votre contemplation, chaque fois que Jésus sort quelqu’un de sa misère, qu’il le relève et lui pose une bague d’amitié au doigt, il « pratique » Dieu (Gutierrez). Cela, au milieu de tant d’opposition, le « ressuscite » et l’encourage à demeurer frère universel. AMEN.
Évangile:
Année:
Pérode:
Date:
Dimanche, 25 février, 2024
Ajouter un commentaire