Année B : samedi de la 28ème semaine ORDINAIRE (litbo28s.24)
Lc 12, 8-12 : Risquons.
Risquer, maître mot de l’évangile de ce matin. C’est le cœur de l’évangile. Ce qui est beau, c’est de prendre des risques. Chaque passage appelle à risquer jusqu’à devenir un enfant. Jusqu’à renaître à nouveau. Pas question de rajeunir, c’est impossible, mais d’adopter leur capacité d’émerveillement, leur riche spontanéité. En appelant les enfants, Jésus pressentait qu’ils avaient une sensibilité innée à la transcendance (Rebecca Nye). Risquer de se reconnaître indigne, c’est être digne (Augustin).
Demandons-nous si nous risquons un regard émerveillé sur ce que nous croyons, ce que nous vivons, ce que nous voulons dire au monde. Ne prétextons pas que nous n’avons pas une connaissance parfaite de Jésus. Ce serait pure illusion parce que la foi ne se réduit pas en une connaissance, elle est une rencontre. Elle vient de l’audition (Rm 10,17) et nous avons été estimés digne de nous tenir devant lui pour le servir (pri. Euch # 2).
Il ne s’agit pas seulement de croire, mais de montrer notre foi. Pas seulement suivre Jésus, mais d’être évangile. En cette veille du dimanche des missions, risquons de se perdre de vue, de ne pas être tentés de nous-mêmes (Ga 6, 1). Risquer ensemble de dire Jésus, c’est notre responsabilité de tous et non d’un organisme clérical. Nous sommes tous théologiens. Nous avons tous une expérience de Dieu à partager.
Jésus n’a pas envoyé des disciples présider des célébrations rituelles. Il les a mandatés pour aller 2X2 vivre ensemble, formant communauté de croyants, entretenant de bonne relation avec tout le monde. On n’annonce pas Jésus les uns sans les autres. Voyez, comme ils s’aiment.
C’est facile de se déclarer chrétiens dans les enquêtes de statistique Canada. Les bonnes intentions restent stériles si nous ne les plaçons pas au service des autres. Ce peuple ne m'honore que des lèvres, tandis que leurs cœurs restent loin de moi (Is 29,13). La religion pure et sans tache devant Dieu le Père est celle-ci : visiter les orphelins et les veuves (Jc 1, 27). Si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? (Jn 2, 14). C’est trahison si on ne met pas sa propre vie, son propre temps ses propres intérêts, sa propre chair au feu (adage argentin), dit le pape François.
Chaque jour pour éviter de vivre courbée comme cette femme ne voyant qu’elle-même (Lc 13, 10-13), nous risquons de partager nos sentiments, nos idées, nos soucis, nos questions avec le danger de ne pas être entendu. Aimer, c’est risquer de s’oublier. Espérer, c’est risquer d’être déçu. Chaque jour nous risquons d’aider Dieu à ne pas mourir en nous (Etty Hillesum), à le regarder, le contempler pour s’approcher un peu de sa manière de vivre.
L’incroyant centurion comme la femme en perte de sang ont pris un grand risque en allant vers Jésus qui s’est émerveillé devant leur audace. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est le courage de désarmer en nous la peur d’agir en chrétien ; le courage de la patience qui n’a pas bonne presse, dit la bulle annonçant l’année sainte 2025.
Jésus est allé à la rencontre des gens. Il n’est pas demeuré assis dans les synagogues à se questionner si sa foi était parfaitement conforme aux normes religieuses. Il s’est positionné pour sauver l’humain en bâtissant des relations d’amitié avec les purs comme les impurs. Aujourd'hui, le drame de l’Église est que Jésus continue à frapper à la porte, mais de l’intérieur, pour que nous le laissions sortir ! (Message journée missionnaire 2024) de notre nombrilisme clérical sécurisant (Mgr Alain Faubert).
Avec courage cherchons Dieu dans la prière et montrons-le par nos manières de vivre ensemble. Ici, soyez des chartreux à l’intérieur et pour nous des apôtres par votre manière de vivre en mode synodal.
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