2024-B-Dimanche de la 21e semaine ORDINAIRE-(litbo21d.24)
Jn 6 60-69 : une transparence opaque.
Une question d'une grande actualité, qu'est-ce que la transparence ? La réponse est même devenue objet de controverse tant on doute aujourd'hui que le « tout montrer », le « tout voir » soit acceptable. Soit même possible. Rien n'est totalement transparent. Limpide. Tout est « filtré ». On voit toujours à travers quelque chose. À travers un écran. À travers ce qui fait transparaître. À travers la culture reçue en héritage.
Et puis, croyons-nous vraiment qu'une transparence radicale soit accessible ? Aujourd'hui, il n'y a plus un seul détail qui ne soit devenu sujet à controverse tant que toute transparence est opaque. Ce que nous voyons laisse toujours voir autre chose. Le philosophe Martin Heidegger affirme un utilisant un style paradoxal : nous ne voyons pas parce que nous avons des yeux, mais nous avons des yeux parce que nous sommes voyants par le fond de notre nature.
Et quand est-il de notre regard sur ce pain pascal dont parle l'évangéliste ? Est-il vraiment transparent ou opaque ? Ce pain est-il vraiment transparent ? Avons-nous sérieusement réfléchi sur sa transparence ? Me revient en mémoire, ici, cette réaction d'un enfant à qui sa grand- mère demandait au moment de l'élévation du pain, regarde Jésus. Je ne vois rien dit-elle à haute voix et elle était triste de ne pas voir ce que sa grand-mère voyait. Si nous voyons vraiment à travers ce pain une question demeure toujours ouverte, que nous reste-t-il à voir ? Celui qui voit Dieu en ce pain en le mangeant devient vraiment riche (st Césaire d'Arles).
Ce pain pascal est le point d'appui de notre foi. Donnez-moi un point d’appui disait Archimède, inventeur du levier, et je soulèverai le monde. Ce matin, heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! (Lc 10,23; Mt 13,16). Heureux ceux qui voient un point d'appui dont la transparence est opaque et le demeurera toujours. Notre foi est transparence, mais elle n'existe qu'à travers l'opacité.
Jésus est tamisé, si je peux le dire ainsi, sous ce pain, transparence parfaite d'une vie pascale. Un écrivain latino-américain écrivait que nous humains, avons deux yeux, un de chair et un en verre. Avec l’œil de chair, nous voyons ce que nous regardons. Avec l’œil en verre, nous voyons ce dont nous rêvons. Rêver n'est pas songer à quelque chose qui n'arrivera jamais. Rêver, disait le pape François aux jeunes à Cuba, c'est [nous] donner des horizons, nous ouvrir à de grandes choses. Qu'il est beau ce rêve de voir ce pain avec un oeil de verre dans toute sa transparence !
La plus belle chose que nous puissions dire de quelqu'un c'est « ta présence me rend heureux ». Je suis heureux quand je suis avec toi. Pouvons-nous dire cela de ce pain ? De Jésus ressuscité ?
Il est la gloire qui remplit toute la terre. AMEN
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