2024-B- dimanche de la 5e semaine du CARÊME (litbc05d.24)
Jn 12, 20-33. Ouvre les yeux et regarde.
Nous voulons voir Jésus. C’est aussi notre demande. Les pèlerins sur la route de Compostelle chantent : Je veux voir Dieu, le voir de mes yeux, Joie sans fin des bienheureux, je veux voir Dieu.
L'Évangile est rempli de gens qui veulent voir Dieu. Des gens simples, des foules, des savants, des chefs de synagogues, des mages, Nicodème, Syméon, Zachée, Marie-Madeleine qui ne voit d’abord qu’un jardinier avant de courir annoncer la nouvelle. Tous ces gens veulent voir Dieu. Ils ne le voient pas. Ils voient sans voir. Sans croire. Et Jean termine son évangile en disant : heureux ceux qui croient sans voir.
Nous, chrétiens, sommes faits pour voir Dieu, pour le voir face à face, pour devenir semblable à lui. Inimaginable ! Jésus précise, ce matin, où le voir. L’heure est venu où le fils de l’homme doit être glorifié. Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les humains à moi. C’est sur la croix que nous le voyons. La croix jalonne notre quotidien.
Monte en moi ce cri d’un condamné du camp Auschwitz qui devant la mort lente d’un enfant pendu devant eux, déclara à haute voix : où donc est Dieu ? Et une autre voix se fit entendre : il est pendu à cette potence. Etty Hillesum, juive, laisse tomber du train qui la conduit au camp de la mort un bout de papier où on lit : Il m’apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur que tu ne peux pas nous aider mon Dieu, mais que c’est à nous de t’aider à ne pas mourir en nous.
Où le voir ? Mais aussi comment le voir ? Si quelqu’un veut me voir, qu’il me suivre. Nous désirons plus voir Dieu que de prendre son chemin. Nous désirons plus connaître Jésus que de le suivre. Nous voyons Dieu en voyant l’autre. On ne peut pas vraiment voir Dieu, être chrétien si on ne fait pas siens les sentiments du Christ (Ph 2, 5) qui est envoyé par le Père pour que tous aient la vie. Aujourd’hui notre regard est superficiel. On se regarde sans se voir. On regarde le visible, l’extérieur.
François d’Assisse dit que le monde visible est une porte active vers le monde invisible, et[que] le monde invisible est beaucoup plus grand que le visible. Nous sommes tellement immunisés par tant de scènes de souffrance que nous ne voyons plus Jésus, le grain de blé mis en terre. Il est là pendu sur la potence.
Pour voir Dieu, il faut le suivre sur son chemin d’enfouissement, de rapetissement. L’évangéliste Jean nous propose l’image du grain de blé, image non de la toute-puissance de Dieu, mais plutôt de son enfouissement. Le grain de blé est heureux non quand il est dans un grenier, mais quand il est enfoui dans la terre. Matthieu utilisera l’image d’une graine de moutarde (Mt 13, 31). Quelle belle image pour voir Dieu !
Le message est limpide. Quand est-ce que nous t’avons vu Seigneur ? J’étais nu, malade, en prison. Ce que vous faites au plus petits d’entre les miens, c’est à Moi que vous le faites (Mt 25). Ce sont des paroles à ne jamais oublier, à ne jamais cesser de mettre en pratique. Toutes ces personnes blessées, rejetées, errantes et sans foyer sont l’image visible du Dieu invisible (Col.1, 15).
Pour la bonne odeur (2 Co 2, 15) de ce grain de blé, il faut vive dans l’intimité avec Jésus. Plus nous sommes unis à Jésus, plus nous sommes ses intimes, ses amis, plus sa parole nous invitant à le suivre nous rejoint dans nos profondeurs. Plus nous le voyons sur les croix du monde, plus nous devenons des amis de Jésus et plus Jésus devient notre ami.
À votre contemplation, ces paroles du Père Jacques de Jésus ocd en voie de béatification : on ne peut voir le Christ et rester ce que l’on est. On ne peut échanger même un bref regard avec Jésus et n’être pas bouleversé jusqu’à changer de vie ou tout au moins commencer à changer quelque chose en nous qui nous éloigne de Jésus. Crée en moi Seigneur un cœur nouveau, mets en moi un esprit nouveau (Ps 50). AMEN.
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