Année A : samedi de la 34e semaine du temps ORDINAIRE (Litao34s.23)
Lc 21, 34-36 : éteins ton portable.
Éteins ton portable et tiens ta lampe allumée. Quand survient une tragédie, des gens, jeunes et âgés, apportent et déposent des bougies, des lampions sur les lieux liés à des événements tragiques puis s’inclinent et font silence. Pour un instant, ce n’est plus l’écran d’un portable qui attire. Ils allument un incendie de solidarité et font se lever un arc-en-ciel dans un ciel assombri par tant d’opacité, tant de collapsologie, d’effondrement de toute sorte. La lumière, ne serait-ce qu’un tout petit rayon, attire plus que les ténèbres.
Ce geste d’allumer des bougies est plus qu’une démonstration de solidarité, plus qu’un signe de compassion, de proximité. Suivi d’un bref silence, il fait monter à la conscience une lumière qui brille sous la cendre. Déposer un lampion, un toutou, exprime un besoin de garder son cœur allumé plutôt que de vivre anesthésié derrière d’écrans de portable. Cela dégage une énergie positive, dit-on aujourd’hui.
Cette petite lumière met en marche des gens sur la route Compostelle. Elle fait courir des foules aux messes du Pape François qui en repartent avec une grande paix intérieure. Elle a tenu en alerte des Gandhi, des Mandela, des Desmond Tutu, des abbés Pierre, des combattants des droits civiques considérés comme des non-personnes, des membres des différentes commissions Vérité et Réconciliation, des Black Lives Matter, etc.
Pour vérifier ce qui tient vos lampes allumées, un petit test. À votre réveil, au sortir du lit, qu’est-ce qui surgit dans votre esprit ? Peut-être qu’une série de petits détails de choses à faire se présente à votre mémoire. Les invités aux noces (Mt 22, 1-10) refusent l’invitation parce qu’ils ont d’autres choses à faire.
Aletia rapportait lundi dernier qu’un mannequin et millionnaire, esthéticien favori des plus grandes stars de 50 ans, (Scott-Vincent Borba), a tout abandonné pour opter pour le sacerdoce. Si c’est ça la vie, travailler et faire la fête, recommencer, puis mourir, alors ce n’est pas la vie que je pense que vous avez faite pour moi.
Et, ici, pour demeurer éveillés, Claire d’Assise vous recommande regardez-le, précise Claire. Jasez avec lui, restez en tenue de service. Notre cœur est fait pour chaque matin nous étonner d’être jugés dignes de nous tenir devant lui pour le servir. Notre cœur est fait pour passer des choses à faire pour lui à nous asseoir avec enthousiasme à sa table. Matthieu offre diverses excuses. Nous pourrions ajouter les nôtres.
Au centre de notre vie ne doit pas se trouver une frénésie d’activité, ni le critère de l’efficacité, mais de rester dans le Seigneur pour porter du fruit (cf. Jn 15). Jésus est notre rafraîchissement du matin. Nous devons, répète souvent le pape dans ses rencontres avec le clergé et les communautés religieuses, privilégier non ce que nous devons faire pour lui, mais nous demander comment ne pas le laisser seul au fond de nos cœurs (Élisabeth de la Trinité). Le danger d’une mondanité spirituelle qui réduit la spiritualité à une apparence[1] est bien réel. Nous sommes paresseux lorsqu’il s’agit d’être avec Dieu et workaholic en regard des choses à faire.
Adressant ses souhaits à la Curie (22/12/22), il parle de démons élégants : ils entrent en douceur, sans que nous en ayons jamais conscience. Nous devenons alors vides de Dieu et éprouvons un terrible sans-abrisme spirituel (Père Radcliffe, retraite pré-synodale). Le premier signe que nous manquons d’huile (Mt 25, 1-14) est la perte d’une vie de louange et de gloire.
Restez éveillés, restez attirés par Jésus[2] est un acte d’amitié à rendre aux autres, un acte évangélisateur. C’est un acte qui nous fait regarder l’avenir avec espérance malgré l’opacité du moment. C’est une aventure risquée, car elle nous change et fait jaillir en nous une joie que nous n’avons jamais éprouvée auparavant.
Non seulement, écrivait le cardinal Newman, croire, mais rester éveillé ; non seulement aimer, mais rester éveillé, non seulement obéir, mais veiller pour éviter de s’entendre dire : je ne vous connais pas. AMEN.
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