Année A : samedi 7er semaine de Pâques (litap07s.23)
Jn 21, 20-25 – on recherche des experts en communion.
En conclusion de son évangile, Jean place la barre très haute en annonçant que désormais et pour toujours la bonne nouvelle reposera sur des experts en communion. Cela ne mourra jamais. Il n’y aurait nul besoin de parole, si notre vie brillait ; pas besoin de mots, si nos actes témoignaient. Il n’y aurait pas de païens, si nous étions vraiment des chrétiens (saint Jean Chrysostome). Est-ce pure utopie ou chemin incontournable ?
Pour l’évangéliste Jean, ce qui reste à écrire, ce qui ne mourra jamais nous ramène à l’essentiel : la cohérence entre ce que nous proclamons et vivons. Tout repose sur notre expérience de Jésus, sur notre communion avec sa manière de vivre. Cette expérience change nos vies, nous met en mouvement ? Vivre la foi que nous proclamons ne doit jamais mourir. C’est le degré de notre authenticité avec Jésus qui évangélise. Jean identifie cela comme des œuvres plus grandes encore (cf. Jn 14, 17) et qui ont le visage de la charité. Paul va encore plus loin quand il prévient que sans cette communion avec Jésus, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants (cf. 1 Cor 15. 2).
Il ne s’agit pas d’être des disciples qui agissent comme des écoliers qui répètent une leçon[1]. Il s’agit d’être capable de se relever quand nous nous trompons de chemin. Nous sommes des experts en recherche de communion toujours perfectible avec Jésus. Aujourd’hui, nous privilégions plus l’efficacité que la communion, plus travailler seul qu’avec les autres parce que le résultat est plus rapide. L’évangile s’annonce en vivant ensemble parfaitement nos différences. Personne ne peut bâtir l’Évangile seul, sans communion, sans communauté. Si nous souhaitons seulement remplir nos églises, nous risquons d’être déçus.
Jean précise en finale, et c’est très fort comme message, que les gens croiront si notre message sonne vrai. Cette réalité-là ne mourra jamais. La foi se répand à partir de ce qui sonne vrai (cf. Jn 19. 35). Ce qui booste la bonne nouvelle, ce qui reste à écrire, ces œuvres plus grandes encore (cf. Jn 14, 13), c’est de devenir des vivants à la manière de Jésus.
Me revient en mémoire ce qu’exprimait Paul V1 dans la charte fondamentale de l’évangélisation, toujours très actuelle que fut son Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi : les hommes d'aujourd'hui ont plus besoin de témoins que de maîtres (cf. EN. 41), d’un Dieu qu’ils connaissent et qui leur est familier (cf. EN # 76). Pas tant des enseignants, mais des témoins, ne parlez pas beaucoup, mais parlez avec toute votre vie, précise souvent le pape François[2].
L’invitation à devenir experts en communion nous fait participants de la nature divine. La part d’évangélisation qui nous est demandé est d’être dans le Père et le Père en nous (Jn 14, 11). C’est dépasser le stade des agacements, des réactions épidermiques, des préjugés, de nos susceptibilités. C’est beaucoup plus que de s’informer, beaucoup plus que de respecter le comportement de l’autre, ses responsabilités. C’est être convaincu que l’autre ne sera jamais comme moi ni moi comme l’autre et c’est en cela que se vit la beauté de l’annonce de Jésus.
À votre contemplation : si nous voulons savoir ce qui ne mourra pas, relisons le tout premier livre écrit sur ce sujet : les actes des Apôtres. Nous y voyons clairement que le protagoniste est le Saint-Esprit. N’oublions pas sa présence et nous ferons des œuvres plus grandes encore. Il nous fera experts en solidarité et dire à tous les non conformes soyez fiers d’être vous-mêmes ; à tous les rejetés, ne partez pas ; à tous les marginaux, provoquez-nous ; à tous ceux qui rament péniblement levez-vous et marchez. AMEN.
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