Année B : Dimanche de la 1re semaine de l’AVENT (litba01d.23)
Mc 13,33-37- RESTEZ ÉVEILLÉS
L’une des critiques les plus souvent entendues aujourd’hui est le manque de vision. Restez éveillés est un appel à voir en profondeur, à nous éviter un manque de vision. Il ne s’agit pas d’une menace. C’est un appel à voir. Mais pour voir quoi ? Pour reconnaître celui qui a dit que le règne de Dieu ne vient pas de façon à frapper les regards… on ne dit pas il est ici, il est là…le règne de Dieu est parmi vous. (Lc 17. 20-21). Pour reconnaître Jésus dans le sacrement du moment présent (Jean Pierre de Caussade (1675-1751).
Depuis la nuit des temps, le Jésus qu’on nous présente est un Jésus Pantocrator ; un Jésus posant des gestes éclatants, prodigieux comme pour se faire mieux remarquer ; un Jésus venu nous sortir, nous délivrer du péché originel dit-on que nous n’avons même pas commis, seulement contracté de génération en génération dès notre naissance, dès notre fécondation par nos parents ; un Jésus tellement divin, venu d’ailleurs, qui nous regarde de haut. D’en haut.
Mais Jésus lui-même offre un autre regard sur lui-même, un regard que confirme sa naissance démunie de toute gloire. De toute-puissance. Dans un échange avec Philippe qui lui demande qu’il veut voir le Père, Jésus lui répond du tic au tac, Philippe, celui qui me voit, voit Dieu (Jn 14,9). Réponse qui a surpris Philippe et continue de nous surprendre. Jésus affirme sans ambiguïté à Philippe que le voir, lui l’humain, lui dans son humanité débordante de compassion, c’est voir le Père. C’est voir Dieu. Jésus dit à Philippe que Dieu est à portée de main, qu’il est celui qui lui parle et que voir l’immensité de son humanité, c’est voir Dieu.
Restez éveillés pour reconnaître que Jésus est tellement humain qu’il ne peut être que divin (Joseph Moingt). Jésus n’a jamais cherché à éblouir les gens, à tout faire pour que son étoile brille comme le font les vedettes de cinéma. Il souhaite seulement que nous soyons assez éveillés pour reconnaître son visage dans les autres, même sur les Judas de ce monde.
Jésus impressionne, c’est indéniable, mais pas parce qu’il est tout-puissant. Il impressionne parce qu’il est proche de tout le monde, parce qu’il jase avec tout le monde, parce qu’il mange avec les gens de mauvaise réputation, avec les collecteurs d’impôts (Mc 2, 15-16). Il est, dit-on, un glouton. Jésus impressionne parce qu’il n’a pas créé une école qui porte son nom, une chaire de théologie, ne s’habille pas des phylactères. Il impressionne parce que son combat envers les scribes est un combat pour les humaniser, pour les tenir loin d’un style de vie non évangélique. Il impressionne parce qu’il n’a pas enseigné la religion, mais comment être humain. Il impressionne parce qu’il est ciel, qu’il engendre paix et joie en ceux qui le reconnaissent. En ouvrant son évangile, Marc nous dit que ce genre de vie faisait sa renommée dans toute la Galilée (Mc 1, 28).
Dans un livre remarquable, le théologien José María Castillo, récemment décédé, écrit que la grande préoccupation de Jésus n’était pas de savoir si les gens ont péché, mais si les gens avaient faim, étaient malade ou vivaient en harmonie entre eux. Pour nous montrer Dieu, Jésus agit comme un vrai Dieu en étant humain envers nous. Il met les gens en mouvement vers leur humanité. Vers leur communauté.
Cette vision-là n’a pas facile à saisir, tant l’histoire de la foi a toujours insisté sur la transcendance d’un Jésus tellement divin qu’il était perçu comme moins humain que nous. Qu’il ne souffrait pas, qu’il connaissait d’avance son itinéraire parce qu’il était Dieu. Et le Verbe s’est fait chair.
Dieu, dit la lecture, vient rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi. Il passe à chaque instant dans nos vies, mais nous risquons de ne pas le voir tant nous sommes des endormis. Des aveuglés jusqu’à affirmer que Dieu est responsable de cette crise climatique que subit présentement notre planète Terre.
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