Année B- dimanche de la 2e semaine AVENT
Mc 1, 1-8- faire notre part.
Je vous offre une image qui vaut mille mots. Celle d’un petit colibri qui s’agite dans une forêt en flamme. Avec son bec, il prend quelques gouttes d’eau qu’il va jeter sur le feu, puis recommence. Les autres animaux lui disent qu’il perd son temps. Et le petit colibri répond : je sais, je ne suis pas fou, mais je fais ma part. Le petit colibri ne se décourageait pas. Son attitude traçait un chemin nouveau et non celui du découragement pour sauver sa forêt de la flamme. Il faisait sa part.
Actuellement beaucoup de choses nous préoccupent. Le système occidental dans son état actuel d’épuisement spirituel n’est pas attrayant (Alexandre Soljenitsyne). Les tragédies humanitaires ne sont pas attrayantes, ne disposent à faire notre part. Que faire devant ce monde en feu, dirait Thérèse d’Ávila, sinon reprendre la réponse du petit colibri ? Je sais, je ne suis pas fou, mais je fais ma part. L’important est de se mettre en mouvement. Jésus a initié un mouvement que l’évangile appelle conversion.
Le mot signifie plus qu’un retour à Dieu. Il signifie l’arrivée du vrai soi (Thomas Merton) qui est autre chose que mon faux soi, que ma petite vie à moi et pour moi tout seul. La part de Jean-Baptiste fut de ne pas s’attacher à son baptême. Voici venir derrière moi, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. La part d’Isaïe fut de crier envers et contre tout, préparez le chemin du Seigneur, tracez droit, dans une terre aride, la route du vrai soi.
Et notre part à nous est de préparer le chemin, de garder le cap de l’émerveillement. De quel chemin s’agit-il ? C’est un chemin qui transforme en humain. Un chemin de guérison de notre faux soi tout replié sur nos possessions, et qui annonce l’aube d’une renaissance, d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle où résidera la justice (2e lecture). L’évangile appelle ce chemin être baptisé en Jésus.
Pour reconnaître ce chemin, cette promesse, cette présence d’immensité qu’est Jésus, il faut un puissant télescope intérieur qu’est la prière qui nous fait voir ce que nous ne voyons pas à l’œil nu, du premier coup d’œil. Il faut être des sentinelles aux aguets de perce-neiges annonciateurs du dégel des hivers actuels, des cœurs souvent blessés par des attitudes ecclésiales humiliantes.
Autant pour ce petit colibri, pour Jean-Baptiste, pour Isaïe que pour nous, faire sa part commence par renoncer à réussir, par ne pas être obsédé par un échec possible. Il se poursuit par notre capacité de nous étonner, de nous émerveiller que notre petite contribution, notre petite voix dérisoire puisse contribuer à un petit pas d’oie minuscule pour le climat ou pour dérouiller des cœurs fermés à la Parole.
Notre part comme personne âgée est, il me semble, de conserver notre capacité d’étonnement, d’émerveillement.
Nous voyons les nuages et soupçonnons peu qu’ils cachent le soleil. Nous ne voyons pas le beau qui se cache dans le mauvais. Quand vous verrez cela, ne dites pas que c’est la fin. Nous ne voyons pas tous ces petits gestes qui font voir du beau. Ces petits gestes de solidarité qui font tellement de bien. Nous vivons tellement dans une culture du visible, du « gros », du superficielle que nous perdons notre capacité de voir. L’émerveillement du petit colibri le poussait à jeter des petites gouttes d’eau sur l’incendie de sa forêt.
Soyons dans l’admiration. Ne perdons pas le cap de l’émerveillement. Réaliser que Dieu nous estime dignes de nous tenir devant lui et de le servir (prière eucharistique #2), devrait nous engager à voir avec les yeux de Dieu, à écouter avec les oreilles de Dieu et à agir avec la compassion de Dieu.
Contemplons cet appel très actuel d’Isaïe. Toi qui porte la bonne nouvelle, élève la voix avec force […] ne crains pas. Dis aux villes de Juda : voici votre Dieu qui vient. La demande du psaume est la nôtre. Fais-nous voir, Seigneur, ton amour et donne-nous ton salut. AMEN.
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