Année A : dimanche 3e semaine de l’AVENT (litaa03d.22)
Mt 11,2-11: heureux doute.
Il y a quelque chose de tragique dans la mission et la destinée de Jean-Baptiste. Il fut le plus grand des prophètes, il a annoncé la venue du Messie, il l’a reconnu lorsqu’il est venu, il lui a envoyé ses propres disciples. Il s’attendait à un Messie sévère qui aurait fait justice, à son arrivée, en punissant les pécheurs. Ce qu’il entend le déconcerte. Cela ne répond pas à ses attentes. Jean est vraiment emprisonné dans sa vision de Jésus. Il attend un Messie qui s’imposera par la terrible force du jugement de Dieu. Le plus grand des croyants passe par le tunnel du doute.
Il n’était pas évident pour Jean de reconnaître Jésus tant ses comportements ne cadraient pas avec le Sauveur présenté par l’AT, qui imposera sa puissance. Jésus ne ressemblait pas au messie attendu à cette époque. Il ne correspond pas au profil de Sauveur tout-puissant
Jean voyait un Jésus grand, puissant, imposant. Il n’a pas perçu que l’essentiel de sa mission est la miséricorde. Ce regard de Jean sur un Jésus tout-puissant est de tous les temps.
Jean-Baptiste doute, lui qui a baptisé Jésus dans le Jourdain. Même le plus grand croyant qu’il fut traverse le tunnel du doute. Le doute est indispensable dans la vie spirituelle. Il nous aide à remettre en question notre image de Dieu, toujours plus grand de ce que nous imaginons. Ce qui rend Jésus grand, ce sont ses œuvres. Jésus s’impose par ce qu’il fait. L’Histoire retiendra ce que Jésus a fait.
La réponse de Jésus n’est pas théorique, mais très concrète : dites à Jean ce que vous avez vu et entendu. Jean interroge Jésus sur son identité. Jésus lui répond par son action de guérison au service des malades, des pauvres et des misérables qu’il trouve dans les villages de Galilée, sans ressources et sans espoir d’une vie meilleure : Les aveugles voient et les boiteux marchent ; les lépreux sont purifiés et les sourds entendent ; les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.
Jean-Baptiste a un message très fort pour nous aujourd’hui. Il nous enseigne, en somme, à ne pas enfermer Dieu dans nos propres schémas. Le doute nous fait sortir de nos prisons idéologiques sur Dieu. Le doute nous pousse à mieux connaître celui en qui nous croyons.
Ce n’est pas un Dieu puissant qui est venu nous sauver, mais un Dieu de l'humble douceur, de la miséricorde et de l'amour, qui intervient toujours en respectant notre liberté et nos choix. L'Avent est un temps de renversement des perspectives ; un temps pour se laisser surprendre par la grandeur de la miséricorde de Dieu, un temps pour sortir de nos idées rigides sur Dieu. Peut-être avons-nous dans nos têtes un Dieu puissant qui fait ce qu’il veut, au lieu d’un Dieu de l’humble douceur, le Dieu de la miséricorde et de l’amour. Dieu n’est pas tout-puissant. Il est faible, fragile, démuni devant nos désirs de puissance.
La meilleure manière de connaître Jésus est de voir qui il approche et ce qu’il fait. Pour bien saisir son identité, il ne suffit pas de confesser théoriquement qu’il est le Messie, Fils de Dieu. Il faut s’accorder à sa manière être Messie à sa manière à lui, en offrant notre compassion, notre tendresse, nos regards d’émerveillement sur les petits gestes qui font beaucoup de bien, de miracles aussi.
Questions : Quel Messie suivons-nous aujourd’hui, nous chrétiens ? Faisons-nous les œuvres que Jésus a faites ? Offrons-nous comme cadeau un regard de tendresse, de miséricorde sur nos familles qui ne célèbrent pas Noël en priorisant d’aller à la messe ?
Quelqu’un un poète a écrit en parlant de Jésus : Il est l’Autre qui nous dérange. Laissons-nous déranger par l’impuissant Jésus.
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