2022- jeudi saint- vocation: servir

Année C : jeudi saint : réflexion. Jn 13, 1-15

Il nous faut creuser le sens du mot « service », pour qu’il puisse devenir réel dans notre vie et que nous ne nous en tenions pas à de belles paroles. En soi, le service n’est pas une vertu. Il y a de mauvais services. Paul parle d’un service du péché (cf. Rm 6, 16), des idoles (cf. 1 Co 6, 9). On parle du service aux clients, que quelqu’un est de service aujourd’hui. Le service dont parle Jésus est une attitude intérieure.

Pour Jésus servir, c’est ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout (Jn 13, 1).  Pour Jésus, servir est l’expression la plus noble du commandement nouveau (Jn 13, 34-35). Il ne s’agit pas de réfléchir sur ce commandement, il s’agit d’entrer dans la charité.  Si on ne vit pas dans la charité, on ne comprend rien de Jésus. La charité change les cœurs. Le monde. Trois jours saints non pour nous concentrer sur la souffrance de Jésus, mais pour entrer dans son amour. Il s’est offert pour nous.

Le service de la charité manifeste en acte l’amour qui ne cherche pas son intérêt (cf. 1 Co 13, 5), mais qui se donne. Servir n’appartient pas à ceux qui ont beaucoup d’argent, beaucoup de santé, mais à ceux qui ont un « grand cœur ». Le lavement des pieds est le sacrement du frère, le sacrement de l’autorité chrétienne (Père Ceslas Spicq). Celui qui gouverne doit être comme celui qui sert (Lc 22, 26), celui qui est le premier doit être le serviteur de tous (Mc 10, 44). Ce soir, il ne s’agit pas de réfléchir sur le sens

Servir, un geste de gratuité, un geste sommet d’humilité. Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Le service évangélique comprend deux attitudes : charité et humilité. Jésus est descendu pour servir ! De sa naissance à la mort, Jésus n’a fait que descendre, descendre, jusqu’à ce point extrême où on le voit aux genoux de ses apôtres pour laver leurs pieds. 

Geste d’abaissement extrême. Le Créateur est à genoux devant la créature. Dieu s’abaisse (alors que nous)  nous nous élevons (saint-bernard). L’abaissement est la forme royale du service. C’est ne plus vivre pour soi-même (cf. 2 Co 5, 15).

À l’opposé de l’esprit de service se trouvent la soif de dominer, celle d’imposer aux autres sa propre volonté et sa manière de voir ou de faire. Ces gens sont des loups au milieu des agneaux, souvent des tyrans, des dictateurs. Ils ne font pas de bien aux autres. Ils les font souffrir pour satisfaire leur propre intérêt. Jésus n’a pas cherché sa propre satisfaction. Il fut un agneau au milieu des loups (cf. Lc 10,3; Mt 10, 6).

Question : est-ce que nous aidons par souci de servir ou pour rechercher d’être bien vu des autres, pour être louangé, applaudi ? L’Évangile exige une radicalité extrême : que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite (Cf. Mt 6, 3). Paul exprime bien ce qu’est le service selon l’évangile quand il dit que le Christ n’a pas fait ce qui lui plaisait (cf. Rm 15, 3). Jésus a élevé au rang de service l’un des gestes les plus humbles connus de son temps et confiés aux esclaves, laver les pieds. N’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble (Rm 12, 16).

Désormais et pour toujours, ceux et celles qui sont au service des autres mènent une vie eucharistique. Ils deviennent des eucharisties vivantes. Ils sont de vrais pains de vie. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert (Lc 22, 27).

La psychanalyse nous apprend qu’en rencontrant un autre on atteint l’Autre, en servant l’autre on exprime sa foi en l’Autre.

La plus haute distinction que nous puissions obtenir, le plus grand honneur que nous puissions recevoir, c’est celle de mener une vie de sacrement du frère, celle de servir le Christ dans le peuple fidèle de Dieu. Jésus, avant d’incliner la tête sur la croix, n’a pas eu peur de s’incliner devant ses disciples et de leur laver les pieds.

Ce soir, changeons nos mentalités, déracinons l’instinct de domination, passons du désir du pouvoir sur les autres à la joie de disparaître et de servir. AMEN

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Nous voici sur le plus haut sommet du monde. Dans le Nouveau Testament, c’est souvent dans les hauteurs que Jésus aime se retirer pour prier et enseigner les béatitudes aux foules. L’Eucharistie est  source et sommet de la vie chrétienne . Pas un sommet à conquérir, sommet à atteindre  graduellement, par étape. 

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