Année C : samedi de la 2e semaine du CARÊME (litc02s.22)19 mars
Mt 1, 16.18-21.24a ; avoir un cœur de Père
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Humble et discret, Joseph ne désirait pas que les projecteurs soient braqués sur lui et de surcroit qu’une année entière lui soit dédiée. Il n’a jamais envisagé être reconnu comme le Saint patron de la vie religieuse, des familles, des pères, des travailleurs, des mourants et de l’Église universelle. L’unique parole dont on peut affirmer avec certitude que Joseph a prononcée, c’est : « Jésus ». Car c’était à lui que revenait la mission de nommer l’enfant (Mt 1, 21-24). Laissons-nous toucher par la puissance de la simplicité de celui qui a le dos large et les épaules solides.
Le samedi est jour dédié à Marie. Le mercredi et cela est moins souligné, est dédié à saint Joseph. Nous célébrons, ce matin, celui qui fut après Dieu, le premier amour de Marie, celui qui a tenu la première place dans son cœur. Marie et Joseph ne formaient qu’un seul cœur, un seul corps et qu’une seule âme (Cf. Ac 4, 32). Allons plus loin, Marie, Joseph et Jésus, il y a trois cœurs qui ne sont qu’un cœur (Jean Eudes).
Ce matin, à notre regard contemplatif, une vie qui ne se déroule pas comme Joseph l’avait prévue ; qui se joue à un niveau de profondeur qu’il n’avait jamais imaginé. Même si sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille, Joseph refuse de vivre à la merci des événements qui l’ont dépaysé, désarçonné, dépassé. L’évangile note seulement que Joseph se lève.
C’est dans le réel de son quotidien déroutant que Joseph, un homme qui « songe »[1] (Cf. Mt 1, 18-25), entend un appel secret ne crains pas (Mt 1, 20). Sans hésiter, il avance sur une voie inconnue, non balisée, infiniment mystérieuse, voire incompréhensible. Il apprend que l'essentiel n'est pas d'aimer Dieu comme il le perçoit, mais de l'aimer comme il le veut. Pour lui, la première des béatitudes est de faire la volonté de Dieu.
Homme de l’offertoire, Joseph est un maître de l’essentiel, reconnu comme le patron de la vie cachée. Thérèse d’Avila le nomme son glorieux Père Joseph. Elle le prend pour avocat et maître et lui confie les deux tiers de ses fondations. Son crédit, dit-elle, est grand auprès de Dieu.
Homme d’offertoire, on peut lui attribuer cette béatitude proclamée par son fils. Heureux ce serviteur fidèle et sensé à qui le maître a confié la charge des gens de sa maison, pour leur donner la nourriture en temps voulu. Heureux ce serviteur heureux que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir (Cf. Mt 24, 45-46).
Homme de l’offertoire, alors qu’à son époque, le patriarcat tenait tout l’espace, Joseph brille par sa discrétion. Ceux que l’on regarde comme chefs des nations commandent en maîtres ; les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur (Cf. Mc 10, 42-43). Aucune parole de lui dans l’Évangile. Son silence parle plus fort que toute parole. Joseph n’était que service, qu’au service de Marie, de Jésus, qu’au service du Dieu de sa foi qui ne lui a pas rendu la vie facile.
Une question à se poser : pourquoi cet homme qui n’a rien dit, qui n’a fait aucun miracle, qui ne fut qu’un simple journalier, est-il si séduisant ? Je suggère cette avenue parmi tant d’autres qui se dégage de la lettre avec un cœur de père du pape François, annonçant l’année de saint Joseph.
Joseph séduit par la simplicité de sa vie. Il ne se prend pas pour un autre, ne fait pas la une des journaux, des revues, ne cherche pas à apparaître dans les grands défilés du dernier show. Il est un homme ordinaire qui sans faire de bruit, assume son rôle d’époux, de père, avec douceur et plein d’affection pour les siens. Il ne cherche pas la notoriété. Sa vie fut à l’ombre de son fils. Sa joie est dans le don de soi. L’Écriture ne fait que répéter que la vocation de Joseph est d’être l’époux de Marie : Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ (Cf. Mt 1,16,18.19).
Ce qui attire à Joseph est sa manière de vivre avec sérénité et confiance les nombreux imprévus de sa vie. Joseph a affronté plusieurs changements de direction dans sa vie. Sa « découverte » de l’état de sa fiancée (Cf. Mt 1, 18-19), la rencontre bouleversante avec Syméon au Temple (Cf. 2, 22-35), l’appel à quitter d’urgence, la nuit, pour sauver son fils de la main d’Hérode et d’y vivre comme un étranger (Cf. Mt 2, 13-18), chaque fois Joseph redit comme Marie par son Fiat, espérant contre toute espérance (Cf. Rm 4, 18), en se levant[2], se remettant sans crainte (Cf. Mt 1, 20) en marche.
Je vous offre en conclusion ces mots qui terminent la prière à Joseph que le pape François récite depuis plus de quarante ans : qu’il ne soit pas dit que je t’ai invoqué en vain, et puisque tu peux tout auprès de Jésus et de Marie, montre-moi que ta bonté est aussi grande que ton pouvoir. AMEN.
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