2022-C-Mc 16, 9-15 -samedi octave de PÂQUES- présence à une présence

Année C : samedi octave de Pâques (litcp00s.22) 23 avril  
Mc 16, 9-15 ; Ac 4, 13-21 : présence à la Présence.

Nous ne sommes pas devant une chronique historique. Marc élève notre regard non pas sur un tombeau vide, non sur qui va rouler pour nous la pierre, mais sur une parole, de surcroit d’une femme, Jésus est vivant, je l’ai vu. Pâques n’est pas une expérience visuelle vérifiable ni une expérience physique vérifiable. Pâques et j’utilise les mots du pape Benoît XV1, est la plus grande mutation […] dans une dimension totale-ment nouvelle, jamais advenue dans la longue histoire de la vie .

Que Jésus soit apparu est un témoignage primitif rapporté par les quatre évangélistes et par Paul (Cf. 1 Co 15, 1-8) dont le texte est le plus ancien. L’essentiel ne porte pas sur le tombeau vide que Paul ne mentionne pas, ni sur la visibilité physique de Jésus, ni sur la fréquence et le nombre d’apparitions. Pour le croyant de toutes les époques, l’essentiel est une grande mutation de notre « voir » de Jésus. Et « voir » ne sera jamais, sauf rare exception, physique et circonstanciel.

La foi de Pâques ne sera jamais une sorte d’hallucination auditive. Elle ne se limite pas à croire des témoins qui ont «vu » Jésus. La foi de Pâques est d’expérimenter dans nos vies que Jésus est vivant. Tel fut l’expérience de Pierre, homme simple et sans instruction, tellement transformé par sa rencontre avec le Vi-vant qu’il a, au nom de ce Vivant, relevé un infirme. Cela étonnait les membres du Conseil qui voyaient bien le geste qu’il venait de poser et qui ne trouvèrent rien à dire.

Le croyant doit être capable de signer ce que vivait Marie-Madeleine. Jésus est vivant, je l’ai vu. Pour elle, il ne s’agit pas que d’un voir ordinaire, d’une apparition occasionnelle. Sa vie fut une résurrection perma-nente. Il a fallu à Marie-Madeleine d’entendre une voix connue pour reconnaître « l’apparition » de Jésus qu’aucune caméra ne peut filmer l’image et enregistrer la voix. Maintenant, nous ne croyons pas à cause de ce que tu nous racontes, mais parce que nous l’avons entendu nous-mêmes (Cf. Jn 4, 42).

C’est la fréquentation de la personne de Jésus, la méditation de sa parole, qui progressivement fait émerger une transformation tellement profonde qu’elle nous ressuscite. Nous ne célébrons pas un événement qui s’est produit il y a longtemps dans l’histoire. Pâques, c’est quelque chose qui arrive à chacun de nous quand nous reconnaissons comme les disciples d’Emmaüs, Jésus marchant avec nous, Jésus marchant sur nos terres en guerre.

Nous avons entendu tous les jours de cette octave de Pâques différents récits qui semblent se contredire sur le lieu, en Galilée, sur le bord du lac, au cours d’un repas ; sur le nom des femmes et celle du nombre de dis-ciples. Pâques ne consiste pas à serrer le Christ dans nos bras, ne me touche pas, dit Jésus. Pâques ne consiste pas à revoir un Jésus dans son corps. C’est beaucoup plus qu’une description historique d’un événe-ment.

La résurrection de Jésus n’a jamais été expérimentée qu’en esprit et il ne pouvait en être autrement, écrit Joseph Moingt qui ajoute vous avez besoin de preuves pour croire ? Moi pas ! Il faut renoncer aux preuves . Beaucoup de mes frères jésuites ne sont pas d’accord avec moi. L’important pour moi, est que je sois vrai avec moi-même.

Le Vivant est la Vie qui entre dans nos vies humaines. C’est la vie humaine, celle de toute l’humanité qui s’ouvre à son être profond. Pâques, c’est quand chacun affirme dans sa propre langue : j’ai vu le Seigneur, il est vivant.

Ce jour que fit le Seigneur nous illumine d’immensité (Maurice Zundel). Pour dire Pâques, aucunement besoin de prêcher, il est seulement nécessaire de dégager une intensité de lumière. Que ton visage s’illumine et nous serons sauvés.   
À votre contemplation, salué par un ouvrier qui l’interpelle en lui disant : tu es encore en vie, le Frère Chris-tophe, martyr de Tamié, lui répond non, je suis déjà en vie. AMEN.