Année C : mercredi de la 23e semaine ORDINAIRE (litco23me.22
Lc 6, 20-26 :au bonheur je t’invite.
Il n’y a pas si longtemps, on rêvait à l’avènement d’une société des loisirs, où le travail n’occuperait qu’une place secondaire dans nos vies. Et pourtant, on dort moins et on fait plus de choses en même temps. On croyait sauver du temps en communiquant par texto, voilà qu’Il nous manque du temps pour y répondre. Dernièrement, quelqu’un m’exprimait s’être déconnecté des textos parce qu’il n’avait plus de temps pour autre chose.
On est en contact avec beaucoup de monde, nos relations sont peu profondes, superficielles. On accumule pour en jouir plus tard. On cherche des trucs pour accéder à un bonheur plus performant. On est frustré par ce qui nous manque et déçu par ce qu’on possède. Nous n’avons simplement pas le temps d’être ce quelqu’un[1].
La recherche des biens et des plaisirs ne satisfait que momentanément. Dès qu’ils sont assouvis, la chasse reprend vers de nouvelles satisfactions. L’avidité est ancrée en nous. Nous savons bien que la vie ne dépend pas de ce que nous possédons, pourtant cela demeure une priorité plus prioritaire que de miser sur la qualité de nos relations avec les autres. Cela s’expérimente différemment pour chacun de nous. Pourquoi vivons-nous pour ça ?
Jésus fait résonner un autre chemin, une sortie de secours à notre manière de vivre. Il invite à regarder vers une autre direction : la quête de la sagesse ! C’est bien de cela qu’il s’agit dans son éloge du chemin du bonheur qui, faut-il l’observer, est très différent, voire à l’opposé de celui que nous présente le catéchisme catholique du pape Jean-Paul 11. Il n'y a pas un seul mot dans le Sermon sur la Montagne sur ce qu'il faut croire, ce dont insiste le catéchisme catholique, seulement sur ce qu'il faut faire.
L’essentiel n’est pas d’avoir toujours plus. De savoir plus. De rechercher l’orthodoxie. C’est se déconnecter des choses extérieures, du fabuleux, du virus du toujours plus. La parabole des greniers remplis ouvre sur une déconnexion de nos avoirs, de nos savoirs pour mieux se connecter au vrai bonheur (cf. Lc 12, 13-21).
Jésus s’arrête et prend le temps, prend du temps sur son temps pour nous parler du secret de son bonheur, du bonheur qui l’habite. Luc dévoile la racine de ce bonheur quand il dit précédemment que Jésus passa toute la nuit à prier Dieu (cf. Lc 6, 12). Il passa toute la nuit pour réussir à se déconnecter de lui-même afin de se nourrir d’une présence à un Autre. Le secret de son bonheur naît de la certitude personnelle d’être aimé, infiniment aimé au-delà de tout (pape François), au-delà de toute possession extérieure, de toute cupidité.
Son bonheur passe par le chemin de répondre aux besoins des autres. Paul en précise le contour : offrez votre personne et votre vie […]. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, transformez-vous en renouvelant votre façon de penser (cf. Rm 12, 1-2). Le livre des Proverbes se fait encore plus précis : heureux qui trouve la sagesse, qui accède à la raison. C’est une bonne affaire, meilleure qu’une affaire d’argent, plus rentable que l’or, […] plus précieuse que les perles et [que] rien ne l’égale. Ses chemins sont délices, ses sentiers des lieux de paix (cf. Pro 3, 21-24). Il y a comme un code sacré du bonheur inscrit dans le cœur de toute personne, de toute religion, celui de tendre la main aux pauvres (Si 7, 32), de nourrir un affamé, d’aimer plutôt que de haïr. Ce code sert à rapprocher toutes les religions. La rencontre du Pape au Kazakhstan la semaine prochaine pour participer au VIIe congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles et qui s’ouvrira par un temps de prière en silence des responsables religieux, s’appuie sur ce code. Que de fausses idées nous avons sur le bonheur.
Ce chemin est le nôtre quand nous conservons, comme Marie, dans nos cœurs les paroles de son Fils. AMEN.
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