Année B : samedi de la 11e semaine ordinaire (litbo11s.21) 19 juin
Mt 6, 24-34 ; 2 Co 12, 1-10 : non bon courage, mais lève-toi et marche.
Se dégage de cette lecture de Matthieu une impression de poésie, de beauté. Regarder les oiseaux du ciel, que le Père nourrit dans la gratuité de son amour ; regarder les lis des champs, que Dieu habille d'une symphonie de couleurs, ivresse pour nos yeux. Toute la terre, Seigneur, est remplie de ton amour (Ps 32,5). Cet appel à regarder les oiseaux du ciel pose la question de la confiance.
Ce qui est beau à entendre, c’est l’appel à la confiance, à l'abandon entre les mains de Dieu. Qui veut en faire l’expérience, pour voir, pour vérifier si l’Évangile est un leurre où une belle réalité ? Est-ce possible de ne plus se stresser de rien, de ne plus se soucier du lendemain ? Cela risque de résonner à nos oreilles comme un peu idéaliste, un trop beau rêve merveilleux, un refus de la réalité.
Rassurez-vous, jamais l’évangile nous présente un Jésus complotiste, négationniste, conspirationniste. Jésus sait regarder la réalité en face. Il connaît la misère de son peuple (Cf. Ex 3, 7). Il n’invite jamais les gens à fuir leur réalité quotidienne. Il ne les déracine pas de leur quotidien. Celui qui démarre dans la vie sans confiance a déjà perdu à l’avance la moitié de la bataille (pape François).
Pourquoi n’avez-vous pas confiance (Cf. Lc 8, 22-25) ? C’est le reproche le plus percutant que Jésus adresse à ses disciples sur la mer agitée. Confiance, il n’est pas ici (Cf. Mt 28,5), c’est la salutation du matin de Pâques adressée à des femmes en état de panique. C’est celle adressée à l’aveugle le long de la route : Confiance ! Lève-toi, le maître t’appelle (Cf. Mc 10, 49). Avoir confiance comme Abraham qui part vers un ailleurs inconnu (Cf. Gn 12-13), comme Sidrac, Misac, Abdenago (Cf. Dn 3, 14-20) qui refusèrent d’adorer un veau d’or et tant d’autres.
Confiance, c'est plus qu'un simple optimisme, plus qu'une tape sur l'épaule ou un encouragement de circonstance. C'est autre chose que ça va aller mieux. C’est quelque chose que personne ne peut se procurer. C'est un don, celui de la foi. Ta foi, t’a sauvé, dit Jésus à la femme en perte de sang (cf. Mc 5, 21-43) et non ta croyance t’a sauvé. Sans la confiance, il est impossible d’établir une solide relation avec un autre. C’est la confiance qui nous conduit à Jésus. À l’amour. (Thérèse de Lisieux, lettre 197).
Confiance, c’est la parole qui a fait craquer Jésus quand du tac au tac, il entendit une femme lui répliquer que les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table (Cf. Mt 15, 21-28). C’est autre chose que la résignation, qu’une parole d’encouragement. C’est une parole qui laisse passer la lumière, qui nous sort de nos tombeaux. Aujourd’hui, l’heure n’est pas à la confiance, même dans l’Église. Dérive du cléricalisme, de la pédophilie. Nous vivons à l’ère du soupçon. À qui faire confiance ? Les lendemains ne chantent plus la poésie des oiseaux du ciel. Sans confiance, précise Kierkegaard, c’est se perdre soi-même.
Posons-nous la question : avons-nous vraiment confiance ? Avons-nous vraiment foi en Jésus. Le dominicain Dominique Collin dans un livre percutant observe que nous avons beaucoup de croyances. Il affirme en long et en large que nous transmettrons des croyances et non la foi, que nous tenons un langage de la bondieuserie, de bavardage sur Dieu, de bla-bla sur Dieu.
Nous vivons, dit-il, un christianisme d’appartenance qui renvoie à des croyances. Le défi est d’être des « christiens », des disciples de la voie (Ac 9, 1-20), capables d’avoir une solide confiance en Jésus plutôt que de discourir sur lui. La foi se transmet quand elle se laisse voir. Son livre le christianisme n’existe pas encore appelle à vivre une foi-expérience plutôt qu’une foi-croyance. Ce qui meurt, ce sont nos croyances, nos bondieuseries qui ne font plus sens aujourd’hui.
La confiance est plus qu’une donnée de la psychologie humaine, plus qu’un aléa de caractère, genre, c’est un éternel optimiste ou pessimiste. C’est quelque chose de plus profond, de plus essentiel, presque mystérieux. C’est le soubassement même de la vie, son terreau secret.
À votre contemplation. Faisons entendre dans une société où la méfiance est bien installée, le chant de la vie, celui de l’oiseau qui a confiance en sa capacité de reprendre son envol. Ne disons plus bon courage, disons plutôt confiance, lève-toi et marche. AMEN
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