Année B : mercredi 23ee semaine ordinaire (litbo23me,21)
Mt 1, 1-16.18-23 ; Mi 5, 1-4a ; la naissance de l’effacement.
La liturgie ne célèbre que deux naissances, celle de Jean-Baptiste et celle de Marie comme pour nous dire que la beauté d’une vie est dans l’effacement. L’un et l’autre nous disent la même chose : écoutez-le. Faites tout ce qu’il vous dira. Ils ne désirent aucunement se faire admirer : il faut que je décroisse, dit Jean-Baptiste. Il s’est penché son humble servante, chante Marie.
Cette mémoire conduit à l’arrivée d’une autre manière de vivre : s’effacer pour montrer quelqu’un d’autre. Ce serait simpliste de réduire cette mémoire à une simple naissance humaine comme nous célébrons un anniversaire. Marie et Jean-Baptiste sont nés dans des circonstances qui annoncent l’arrivée de l’effacement comme mode de vie. Jésus lui-même fut effacement devant son Père (Cf. Jn 14, 11). Nous faisons mémoire aujourd’hui de la naissance de l’effacement comme style de vie.
Marie est l’aurore d’une splendeur d’une vie effacement qui, paradoxalement, est un chemin de grandeur. Marie n’est pas, dit un tweet du pape, annonciation 2021, un pont entre nous et Dieu, elle est davantage la route que nous devons parcourir pour parvenir à lui. Un pont, c’est l’art de faire de la distance un lien. Marie est plus que cela. Elle est réalisation de la non-distanciation de Dieu avec nous. C’est dans l’effacement de soi que nous rencontrons Dieu, que nous pouvons percevoir la réalité de l’autre jusqu’à entrer, par empathie, dans son intimité.
Saint Bonaventure a bien compris cette route de l’effacement quand il écrit que le peuple chrétien tout entier est issu des entrailles de Marie. La vie chrétienne est née ce jour où nous faisons mémoire de la naissance de Marie, jour commencement d’accueillir, de protéger, de prendre soin de Dieu en s’effaçant devant lui.
L’effacement ne diminue pas l’activité, mais réduit notre inclination naturelle de vouloir paraître, de nous imposer. Cette vie d’effacement que la naissance de Marie souligne, cette vie sans exercice de domination sur les autres, cette vie « sans papier », sans statut social, ouvre sur une « béatitude », un bonheur indescriptible qu’elle chante dans son magnificat.
Cette mémoire, si nous la prenons au sérieux, nous fait mener une vie collée à Jésus comme le fut celle de Marie plutôt que de vivre collés sur nos bobos et complaintes. Prenez garde de ne pas être tentés de vous-mêmes (Cf. Ga 6,1). Cela exige une véritable conversion si l’on veut ne rien préférer d’autre que le Christ (règle de saint Benoit). Paradoxalement, ce chemin nous enrichit en nous dépossédant, un chemin de béatitude.
Il ne s’agit aucunement de se perdre, mais d’entendre une invitation inouïe, celle qui a poussé Marie à dire : je suis la servante du Seigneur, que s’accomplisse ta Parole. Un chartreux disait que s’attacher à son propre moi-même, c’est porter un collier plus lourd, plus étouffant que de s’effacer, que faire la volonté d’un autre.
Posons-nous la question : voulons-nous que cette mémoire soit notre naissance à un style de vie qui anéantit en nous cette tendance à se mettre de l’avant ?
En conclusion, une parole mémorable, dite apophtegme : ce n’est pas une grande chose d’être avec Dieu dans la pensée, mais c’est une grande chose que d’en prendre son chemin (d’effacement) de te voir toi-même inférieur à toute créature. Cela conduit à l’humilité. Amen.
Autres réflexions sur le même passage :
https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-mt-11-16-18-23-nativite-de-marie
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